Parlez-nous un peu de vous Barbara Cordier...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? C'est tellement lointain qu'on ne peut pas parler de déclic particulier. J'aimais inventer des histoires et la raconter avant de savoir écrire. Ma plus grand frustration à cette époque était la pensée que mes amis ne pouvaient pas se représenter concrètement ce que je voyais dans ma tête. Dès 7/8 ans, j'ai commencé à écrire des histoires que je m'amusais à illustrer. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? L'impact le plus fort a été les Histoires extraordinaires d'Edgar Allan Poe quand j'avais quatorze ans. Ensuite, de nombreux auteurs m'ont inspirés à leur manière. Je suis autant attirée par la capacité qu'ont Balzac et Huysmans à dépeindre des sentiments humains avec une extrême précision, qu'au talent de Poppy Z. Brite pour donner un côté charnel à son écriture la plus violente. Parmi toutes vos histoires, de quel(s) personnages êtes vous le plus proche ? Pour l'instant, je n'ai publié que des nouvelles, mais certains personnages ont effectivement plus de signification que d'autres, puisque j'y réfléchis depuis longtemps. Je ne cherche pas à m'identifier à eux, mais ceux avec lesquels je garde le plus de proximité en tant qu'auteur sont Zack que l'on peut lire dans l'anthologie Robots de La Madolière, Lilian pour Mort Dent Lame 2 du même éditeur, et la sulfureuse Milena de Gaslight chez Otherlands. Si on voulait pousser l'analyse, je suppose que l'on pourrait dire qu'ils correspondent à certaines parts sombres, périodes de ma vie, ou expriment un inconscient plus libéré. Que racontait la première histoire que vous ayez écrite ? Je ne sais pas très bien par quelle première histoire commencer… La toute première de mon enfance était un petit conte de Noël où un papillon sur le point de mourir se faisait transformer en lutin. Après, il y a eu d'autres nouvelles qui impliquaient des oiseaux. Puis, arrivée à l'adolescence, j'ai écrit une nouvelle pas franchement originale ni joyeuse d'ailleurs sur une jeune fille qui venait de mourir et errait en fantôme avant de disparaître définitivement. La première nouvelle que j'ai soumis à un public étendu sur un forum un peu plus tard (à 16 ans) racontait les malheurs d'un jeune homme séquestré et torturé sur fond de folie mentale. Comme on voit, le changement a été radical. Quelle histoire à eu le plus de succès ? Justement, cette première nouvelle publiée sur forum a eu beaucoup de succès ! Ça a vraiment été motivant, mais j'étais encore trop jeune pour m'imposer une discipline d'écriture régulière. Dans les quelques textes publiés en anthologie, Ils iront tous à la morgue de l'anthologie Nouvelles Peaux a eu beaucoup de retours positifs et bénéficié d'une adaptation en pièce de théâtre. J'ai eu aussi un certain nombre de réactions enthousiastes concernant Le tueur des brumes, une sorte de thriller fantasy publié dans l'Antho-noire …pour nuits de légendes chez la Cabane à mots. Je n'ai pas encore assez de recul sur les autres textes, le temps le dira ! Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Comme je suis restée aux anthologies pour l'instant, c'est un sentiment de satisfaction assez tranquille. Mon texte est un parmi d'autres. Ce n'est pas déterminant mais il y a toujours la petite inquiétude de savoir si la nouvelle trouvera son public et réussira à se démarquer. Je suis aussi heureuse à l'idée de pouvoir parler d'une autre histoire aux lecteurs que je rencontre en salon. Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Je n'ai pas encore eu droit à une critique violemment négatives. Quand des personnes n'accrochent pas, c'est souvent que nous manquons de références communes et il n'y a pas grand-chose à faire. J'apprécie en tout cas toujours quand on soulève des points négatifs mais je mets souvent un petit temps de réaction pour en tenir compte. D'abord, je ne vois vraiment pas comment je peux faire autrement, ensuite, je reprends mon texte, et j'applique les bons conseils pour corriger des problèmes dont j'avais conscience sans réussir à les pointer. |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
Avec des auteurs qui savent où ils vont, écouter, qui ont de l'ambition mais savent rester réalistes. J'apprécie les auteurs dont le propos dépasse la seule envie de raconter une histoire, quelque soit leur univers de prédilection pour écrire. Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Faire publier des nouvelles n'a jamais été très compliqué. Les textes que j'ai écrit pour des anthologies que je visais précisément sont toujours passés, ce dont je suis assez contente. Mais j'écris aussi beaucoup de nouvelles selon les caprices de mon inspiration et là, il faut attendre l'AT idéal pour les proposer. Dans ce cas, ça peut demander un peu plus de temps. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? J'ennuie systématiquement plusieurs amis avant de proposer un texte à un éditeur. Ça me permet de corriger les dernières fautes, de prendre du recul sur certains éléments de l'histoire et surtout, de me donner le courage de soumettre le texte. Je trouve bien trop angoissante l'idée d'un comité de lecture comme premier juge. Si vous deviez publier un livre, quel genre serait-ce ? J'ai dans la tête plusieurs histoires horrifiques entre fantastique et urban fantasy. Mais j'aimerais aussi fait aboutir un projet de roman très noir, qui se passe de tout élément paranormal. On verra bien ce que le temps et l'inspiration me permettront. Avez-vous envie de publier un livre ou préférez-vous continuer d'écrire des nouvelles ? J'ai pris il y a quelques mois la décision d'arrêter la nouvelle pour me lancer dans d'autres projets d'écriture. Bien entendu, si une autre idée de nouvelle me vient, je l'écrirai, mais j'essaye de garder l'esprit concentré sur d'autres formats d'écriture, comme le roman. La nouvelle est un exercice que j'apprécie mais qui a ses limites. Je ressens le besoin de travailler sur des longueurs moins contraignantes qui permettent d’emmener le lecteur plus loin. Quels sont vos projets ? Ils sont hélas assez nombreux à se bousculer dans ma tête. Dans les plus concrets, j'ai un petit roman qui est une réécriture de conte à retravailler un peu pour une éventuelle publication. Je travaille aussi sur un projet de livre graphique hors nouvelle et roman. S'il avance de manière convaincante, j'en parlerai ! Et ensuite, viennent ces idées de roman dont j'ai parlé plus haut. Si je poursuis dans la nouvelle, j'aimerais aussi continuer à développer la thématique de la reprise de la mythologie greco-romaine que l'on peut retrouver dans Gaslight et dans l'anthologie officielle du Salon Fantastique. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Je leur dirais qu'ils y trouveront des histoires qui essayent d'aller à contre-sens des attentes de lecture habituelles, des personnages souvent très amoraux mais touchants à leur manière, et assez peu de réelles belles fins. C'est un univers à explorer, je suppose, si l'on aime flirter avec une certaine noirceur, sans se départir non plus d'humour car je préfère que les choses ne soient jamais trop sérieuses, quoique le rire puisse être grinçant. |
Date de l'interview : Janvier 2016 © Des encres sur le papier