Parlez-nous un peu de vous Bobby Raiche...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? J'ai toujours un peu de difficulté à répondre à cette question, je ne me souviens pas d'un moment précis ou d'un endroit où m'est venu cette passion, elle a toujours été en moi. À l'école, j'adorais les dissertations et les dictées, au grand dam de mes amis qui, eux, détestaient. Par contre, je me souviens encore du moment où j'ai réalisé que l'écriture était vitale pour moi. Je devais avoir aux environs de 10 ans, l'école était sur le point de recommencer, j'étais installé dans mon fauteuil favori, dans la salle de séjour, et je regardais la télévision. Je me sentais frustré parce que les personnages à l'écran ne faisaient pas ce que j'aurais voulu. Je me suis alors dit «ce serait cool de pouvoir créer mon propre univers !» J'ai alors demandé à ma mère un cahier Hillroy (très populaires au Canada) qui étaient, normalement, strictement réservé pour l'école. Pourtant, quand je lui ai expliqué ce que je voulais en faire, elle m'en a donné quatre d'un coup! J'ai commencé à écrire, avec le son de la télé en arrière-plan, et le temps de le dire, j'avais rempli tout mes cahiers! Tant d'heures j'ai passé à écrire « à la main », j'en garde d'ailleurs des cicatrices et traces d'usures sur les doigts à force d'avoir trop écrit, haha! Mon monde tournait autour de l'écriture et la lecture, je ne faisais pratiquement rien d'autre. Ayant eu un vécu assez difficile à cette époque, cela me permettait littéralement de m'évader, le temps de quelques heures. Je puise mon inspiration de tout et de rien, de deux grandes amies qui se racontent leurs vies sur le chemin du retour après l'école jusqu'au ronronement de Leo, mon chaton, endormi à côté de moi. L'écriture, ce n'est pas simplement ce que je fais, c'est ce que je suis. Je pense à mes personnages presque de façon obsessive, au risque de sonner un peu fou. Ils m'accompagnent en permanence depuis plus de douze ans ! Certains ont fusionnés, d'autres ont disparus ou sont arrivés, mais ils sont tous avec moi en permanence, dans mon subconscient. Ils me racontent leur histoire, d'une certaine façon, et je la retranscris dans mes mots. Je ne prétends pas être le meilleur écrivain qui soit, je ne me prends pas la tête avec ça, je sais que j'ai énormément à apprendre, c'est le métier d'une vie. Heureusement que j'ai, espérons-le du moins, environ une soixantaine d'année devant moi pour découvrir et m'épanouir en tant qu'écrivain. Si je pouvais apporter, par mes écrits et mon univers, quelque chose à quelqu'un j’aurai réussi ma mission ! Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? Assez fréquent, je sais, mais il s’agit de J.K. Rowling. Sans même en être consciente, elle m’a appris à peu près tout ce que je sais de l’écriture. Je ne l’admire pas seulement parce qu’elle est « la mère de Harry Potter » mais aussi pour son talent, sa façon de créer et de transmettre, et pour la personne qu’elle est. Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Ça risque de sonner ingrat de ma part, mais je ne ressens rien de particulier. Je m’explique, mes personnages m’accompagnent depuis tellement longtemps que pour moi c’est presque naturel qu’ils existent (au sens figuré, bien sûr, non non j’ai toute ma raison, haha ! ). Ils sont si présents dans tout ce que je fais, ce que je suis, qu’à un certain degré ils en deviennent presque réels. Peut-être que nous, les écrivains, sommes un peu la « preuve vivante » de l’existence de nos personnages. Enfin, bref, je pense que je me sens toujours un peu fébrile, j’aimerais tant que mes personnages soient appréciés autant que moi je les apprécie, c’est un peu comme envoyer son enfant pour son premier jour d’école ; on sait qu’il est là pour apprendre, mais on espère quand même qu’il sera aimé des autres. Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Soyons honnêtes, c’est agréable de recevoir des compliments et des félicitations sur notre travail, mais j’apprécie particulièrement les critiques CONSTRUCTIVES parce qu’elles me permettent de m’améliorer, d’apprendre et d’évoluer dans mon parcours d’écrivain. Quant aux critiques méchantes, je n’en ai pas encore reçu, mais je me dis qu’on ne peut plaire à tout le monde et que chaque personne a droit à son opinion. |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
Il faut dire qu’aux éditions Véritas Québec, nous avons la chance de côtoyer beaucoup d’écrivains, notre éditrice, Marie Brassard, en est une elle-même ! Nous sommes comme une grande famille, des caractères parfois exubérants, excentriques, plus ou moins compatibles, mais qui partagent tous une même passion. J’ai un profond respect pour chacun d’eux. Outre les auteurs de ma maison d’éditions, il y a aussi Gabriel Robichaud, un auteur de ma région, que j’admire énormément. Et, dans un monde de rêve, j’adorerais avoir la chance de travailler avec J.K. Rowling. Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? Ils ont tous un peu de moi en eux, certains sont le reflet de ce que j’aime le plus ou le moins en moi, alors ce serait difficile de choisir. Toutefois, Cedric, Lois, Amélia et Maggie Sullivan me suivent depuis le tout début, depuis que j’ai compris ma passion pour l’écriture, soit un peu plus de quinze ans. Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? C’est sûr qu’en entrant dans le monde de l’édition, il faut s’attendre à plusieurs refus, mais il ne faut jamais cesser de persévérer. Je ne compte plus le nombre de maisons d’éditions que j’ai contacté ! Je suis tombé sur les éditions Véritas Québec totalement par hasard. Une fille de ma région, Jessica Brideau, venait d’être publié et elle a publié, sur sa page Facebook, une photo d’elle tenant son roman. Elle avait l’air très heureuse et fière ! Puis, j’ai remarqué le logo des éditions Véritas Québec sur la couverture et, sans trop d’attente, j’ai fait une recherche pour en savoir un peu plus à leur sujet. Ensuite, je leur ai fait parvenir mon manuscrit, une semaine plus tard, je signais mon premier contrat d’écrivain. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? J’ai longtemps été très réservé avec mes écrits, je ne les montrais qu’à une seule personne, ma meilleure amie d’enfance, Monica. Elle aimait lire, j’aimais écrire, le meilleur des deux mondes ! Puis, avec le temps, j’ai accepté de laisser mon enseignante, Hélène, me lire. Elle est la première à m’avoir dit « toi, tu aimes écrire et tu vas réussir. » Elle ne sait pas combien ses paroles ont changés ma vie. Ça m’a donné plus d’assurance et, à mon rythme, j’ai proposé à mes proches de lire mes écrits. L’épouse de mon frère, Marie-France, ma mère ainsi que mes deux grand-maman étaient très investies dans mes manuscrits, en ce sens qu’elles me traitaient comme un écrivain et non un membre de la famille lorsqu’elles me lisaient, ce qui m’a vraiment aidé. Ma grand-mère maternelle disait que mes écrits lui permettaient de s’échapper de son quotidien difficile. Elle est malheureusement décédée à l’âge de 67 ans, avant d’avoir pu tenir mon roman dans ses mains, elle avait tellement hâte à ce moment… mais j’ai au moins tenu la promesse que je lui ai fait de son vivant ; j’ai persévéré et j’ai tenté ma chance. Ça sonne cliché, mais c’est mon histoire. Avec mon roman, j’ai l’impression d’avoir une petite part d’elle, que j’ai créé. C’est une passion que nous avons partagé ensemble. Aujourd’hui, je montre mes manuscrits à très peu de gens, surtout en ce qui concerne ma saga "Le loup de Fardy’s Land", parce que je veux leur réserver la surprise à eux aussi ! Quels sont vos projets ? Pour l’instant, j’étudie au collège, mais je me sens écrivain à temps pleins malgré tout. Je travaille constamment pour atteindre mes objectifs. J’achève la rédaction du tome 2 de ma saga, et j’envisage quelques autres projets, comme de créer un blogue de critiques littéraires à mon tour, mais un pas à la fois ! Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Si vous aimez une bonne petite frousse de temps à autre, mais aussi une dose d’humour, d’humanité, de dramatique, de mystère et même un peu fantastique, mon univers vous plaira sans doute. Oui, il s’agit d’un polar, mais c’est tellement plus et j’espère bien vous le faire découvrir ! |
Date de l'interview : Novembre 2015 © Des encres sur le papier