Parlez-nous un peu de vous Christine Béchar...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? Tout d’abord, merci Fabien de m’accorder cette interview. Contrairement à beaucoup d’auteurs, je n’ai pas rêvé de devenir écrivain dans ma jeunesse. C’est une passion qui m’est venue très tard et de façon très spontanée. J’avais besoin de remplir un vide, besoin d’une échappatoire. Une fois lancée, impossible de m’arrêter. L’écriture de mon premier roman MADRUGADA, À L’AUBE DU JOUR fut une véritable obsession. Ne parvenant à me défaire de ses personnages, j’ai immédiatement fait un second tome ; peut-être aussi un peu car j’estimais devoir quelques explications à mes lecteurs, au cas où j’en aurais un jour. Rien n’était moins sûr, vu que j’ai écrit 4 romans avant ma première publication. Faire une suite fut beaucoup plus difficile, j’ai mis trois fois plus de temps pour écrire le second tome, LA LÉGENDE. J’ai souvent douté, mais je ne regrette aucune seconde, car il est sans aucun doute mon préféré, pour m’avoir très remuée. Le troisième tome, LA PROPHÉTIE fut une envie à laquelle je n’ai pu résister. Je n’en dirai pas plus, car il me faudrait sinon révéler des choses sur le second tome que je ne voudrais surtout pas spoiler. Quelques fans me travaillent pour que je fasse une suite, il n'est donc pas exclu que la trilogie devienne une saga. 2015 nous le dira, en attendant j'ai d'autres projets en cours. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? J’aurais tendance à dire aucun, car si j’ai beaucoup lu dans ma jeunesse, ce n’était plus le cas depuis bien longtemps quand je me suis mise à écrire. Il est d’ailleurs très étonnant que je me sois lancée dans cette aventure avec une romance fantastique, alors que je ne lisais que des thrillers à l’époque. Ce n’est qu’après l’écriture de trois romans que je me suis mise à dévorer des lectures dans le genre, pour voir ce que les autres avaient, et moi non. J’en ai conclu que pour réussir, il est préférable d’avoir un éditeur qui croie et investisse en vous. Jusqu’à présent, je me suis plus laissé inspirer par ma vie et celle des gens qui m’entourent que par des auteurs. Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? J’hésite entre deux : Lilly et Nathalie. Lilly, l’héroïne de Madrugada, car j’ai passé énormément de temps dans sa tête. 18 mois d’écriture et bien plus encore en relecture et traduction ne s’effacent pas comme ça. Et bien que ce ne fût pas le but de l’entreprise, force est de constater que ma jeunesse a inspiré le premier tome, une phase très difficile de ma vie le second, mes années de jeune mère le troisième. Et Nathalie, bien sûr, l’héroïne de ma romance pour adultes, AU SEUIL DE L’INSTANT, est très proche de moi. Si je le niais, on ne me croirait pas, vu qu’il s’agit d’une auteure de 50 ans, probablement toujours en quête d’un éditeur pour sa première romance fantastique. Ce livre n’est pas une autobiographie. Fort heureusement, ma vie n’est pas aussi dramatique, mais malgré les émotions soulevées par le côté tragique de cette histoire, j’avoue que l'écriture de certains passages m' fait sourire. Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Soulagée, nerveuse, mais aussi emplie d’espoir Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Très bonne question ! J’essaie de ne pas me laisser démonter et j’y parviens de mieux en mieux. D’abord je suis consciente qu’on ne peut pas plaire à tout le monde, à plus forte raison quand ce que l’on fait ne s’adresse pas à un large public. En même temps, une lectrice vient de me dire qu’elle a adoré AU SEUIL DE L’INSTANT, alors qu’elle n’aime ni la romance, ni l’érotisme ; donc tout est possible. J’ai réalisé que les critiques les plus négatives ont été écrites par des romancières, je m’efforce donc de faire la part des choses en tirant profit de ce qui est fondé et en mettant les méchancetés aux oubliettes. Fort heureusement, je reçois de nombreux retours positifs, ce sont eux qui comptent à mes yeux, car ils m’encouragent à persévérer. Beaucoup d’entre eux sont très émouvants, notamment ceux concernant LA LÉGENDE et AU SEUIL DE L’INSTANT. Ce sont ces réactions-là que je retiens et je suis très heureuse de constater que mes lectrices me suivent quoi que je fasse, Young Adult, drame érotique ou policier. |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
Très difficile à dire, vu que dans l’écriture je suis plutôt une solitaire. Je parle rarement de ce que je fais et je ne rentre jamais dans les détails. J’ai envisagé de participer à un cadavre exquis organisé par les Rebelles-Webzine tout récemment. Peut-être me serais-je laissé tenter, si je n’avais pas été plongée dans mon manuscrit ; mais écrire tout un roman avec un co-auteur serait véritablement une autre paire de manche. Je ne rêve pas de le faire avec quelqu’un de connu. Je pourrais tout au plus l’envisager avec un(e) ami(e), qui aurait beaucoup d’affinités avec moi ou qui, au contraire, serait tellement différent(e) qu’on tisserait une toile avec deux narrateurs et des visions totalement opposées. Oui, je crois que cela pourrait être une expérience intéressante, mais comme je ne connais que très peu d’auteurs… Qui sait ce que les salons me réserveront comme rencontres en 2015 ! Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Très compliqué, en effet. D’abord, j’ai tellement cru en MADRUGADA que j’ai dépensé une petite fortune pour le soumettre. Sans succès. J’ai donc fini par me lancer dans l’autoédition avec une certaine naïveté. Il faut dire que je suis partie de zéro : sans contacts en France (à part ma famille) et pas même un compte Facebook. J’ai rencontré toutes sortes de difficultés administratives et fiscales, du fait que j’habite à l’étranger ; ce qui du reste ne facilite pas non plus la commercialisation de mes livres. Je ne sais pas si je parviendrai à gagner de l’argent avec l’écriture un jour. Comme beaucoup d’écrivains je souhaite faire d’une passion un métier. En même temps, je ne me leurre pas, car je suis consciente que très peu d’auteurs peuvent vivre de leur travail. Au bout de cinq ans, je constate en ce qui me concerne que l’écriture reste un loisir onéreux, je suis donc très reconnaissante à mon mari de me laisser vivre cette aventure. Avec du recul, si tout était à refaire, je m’y prendrais autrement ; mais en même temps je ne regrette rien, pas même les coups durs, car je me rends compte que s’ils nous freinent sur le moment, bien souvent ce sont eux qui nous permettent de faire des bonds par la suite. Je n’avance qu’à petits pas, mais tant que je le fais dans la bonne direction, c’est bon. J’ai la chance d’avoir trouvé un éditeur pour deux de mes manuscrits. Après AU SEUIL DE L’INSTANT, paru dans la Collection Opalène aux Éditions REBELLE, une romance SF, intitulée ZONE 4 doit sortir dans la Collection Galactée dans les mois qui viennent. Petit indice : je l’avais écrite pour promouvoir MADRUGADA. Mais bien qu’elle ait des métamorphes pour acteurs, elle est quand même très différente… moins fantastique, plus scientifique, et le ton change. Suite à la lecture de ma nouvelle LA BÊTE DU BOIS DE BOULOGNE, une lectrice m’a demandé si j’avais une formation de vétérinaire ou de biologiste, je confirme que non. Quatre de mes ouvrages ont nécessité des heures de recherches dans ces domaines. Aux lecteurs de deviner lesquels. Malgré un début très difficile, je continue à croire en MADRUGADA, le fait que le premier tome soit arrivé jusqu’en finale au Prix de Fondcombe est une petite reconnaissance du travail effectué ; les retours de mes lecteurs pour les tomes suivants une grande récompense. Aux jeunes auteurs qui font leurs premiers pas dans l’écriture, je dis : Foncez, si vous croyez en votre histoire. Soumettez votre projet, mais ne perdez ni votre temps ni votre argent si aucun éditeur n’accroche et surtout ne perdez jamais confiance. À plus forte raison, si des proches croient en vous. L’autoédition offre de nombreuses possibilités et elle évolue en permanence Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? Toujours. Quels sont vos projets ? Dans l’immédiat, finir la énième relecture de ZONE 4, pour qu’il puisse être envoyé à la correction. Dans un deuxième temps, je voudrais terminer d’écrire le manuscrit sur lequel j’ai travaillé avant de partir en vacances ; quelque chose de très contemporain, plutôt dans le style d’AU SEUIL DE L’INSTANT, mais moins érotique pour qu’il puisse être lu par un plus large public. Ensuite, j’aimerais clore un projet de longue date qui me tient très à cœur… encore quelque chose de très différent de ce que j’ai fait jusqu’à présent. Et puis, je pense que 2015 sera consacré aux suites… du moins ai-je promis à des lectrices d’y penser pour MADRUGADA et AU SEUIL DE L’INSTANT. Du fait de ma relecture actuelle, ce sont plutôt les idées pour ZONE 4 qui affluent. Mais d’ici que j’aie du temps à consacrer à une suite, quelques mois s’écouleront. Je ne peux pas dire quelle histoire occupera alors mes pensées, je ferai donc comme d’habitude : j'écouterai mon cœur le moment venu. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Laissez-vous surprendre ! Qui a lu À L’AUBE DU JOUR n’a pas lu MADRUGADA. Qui a lu MADRUGADA n'a pas fait le tour de l'univers de Christine Béchar. |
Date de l'interview : Novembre 2014 © Des encres sur le papier