Parlez-nous un peu de vous David S. Khara...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? J’ai passé une bonne partie de mon enfance un livre dans les mains. Je lisais des romans d’aventure, des livres scientifiques et même un quotidien de ma région. La lecture est à la base de tout, et je pense que c’est une constante chez tous les écrivains. Le vrai point de départ est venu d’une BD. J’ai éprouvé le désir d’écrire en refermant le dernier tome de "La Quête de l’Oiseau du temps", de Régis Loisel et Serge le Tendre. Sous couvert d’une aventure dans un univers de fantasy, ils nous racontent des destins et des émotions d’une puissance inouïe. Ce fut pour moi un véritable choc et une invitation à passer à l’acte, ce qui ne se fit que deux décennies plus tard. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? On me pose souvent cette question et ma réponse ne varie jamais : Dumas, Poe, Sue, Shakespeare, forment le socle de ma culture littéraire et centralisent mes goûts. En auteurs plus récents, je citerais également Dennis Lehane et R.A. Salvatore. Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? Voici une vraie réponse qui ne veut rien dire : un peu tous ! (rires). Je n’écris pas pour me raconter mais je n’ai aucun scrupule à utiliser mes propres expériences pour nourrir mes personnages. J’aime autant Werner qu’Eytan, Barry que Jacky ou Jeremy. Et j’aime leurs bons côtés autant que leurs défauts. Ce qui est certain, c’est que je n’éprouve aucune empathie pour les cyniques, les désabusés et les haineux. Du coup mes personnages sont tous porteurs d’espoir, et c’est là ce qui motive ma démarche. Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Étrangement décontracté ! Une fois le livre terminé, il ne m’appartient plus. Il sera aimé ou détesté, reconnu ou méprisé, je n’y peux plus rien. Dès lors que j’ai composé l’œuvre que je souhaitais, et que je l’ai fait honnêtement, c'est-à-dire avec sincérité, je me sens bien dans mes baskets. Et puis, n’oubliez pas que je n’ai jamais rêvé de faire carrière. Donc, tout ce qui m’arrive est un bonus qui ne mérite pas de s’en rendre malheureux, ou plus inquiet que nécessaire. Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Je suis demandeur de critiques constructives pour améliorer mon style, ma narration et mes intrigues. Hélas, les critiques sont plus souvent destructrices et ne me sont donc d’aucune utilité. Personne ne fait l’unanimité et je respecte tous les avis. J’ai plus de mal avec la haine gratuite qui, heureusement, s’exprime peu. Dans ces cas-là, ma réaction est simple : les chiens aboient et la caravane passe… |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
Serge le Tendre, et j’ai la chance de le faire puisque Serge va signer l’adaptation en BD des "Vestiges de l’Aube" chez Dargaud. Je ne pouvais rêver plus belle récompense que de travailler avec l’homme qui m’a donné l’envie d'écrire. J’aimerais également travailler avec mes amis de la Ligue de l’Imaginaire. J’arriverai peut-être à convaincre Eric Giacometti et Jacques Ravenne d’inclure un vampire dans les aventures d’Antoine Marcas ! (rires). Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Tout est arrivé très vite et je suis toujours gêné de dire que cela fut plutôt facile. Thomas Géha, auteur de SF, de fantasy et de thriller, a lu la première version des Vestiges et m’a présenté à Philippe Ward qui dirige la collection Rivière Blanche. Quelques mois après nos premiers échanges, le livre était publié. Philippe m’a appris ce qu’était le travail de l’écrivain, et Thomas a veillé sur moi tel un ange gardien. Je ne les remercierai jamais assez. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? Au départ, mon épouse ne souhaitait pas lire "Les Vestiges de l’Aube", et franchement, je me mets à sa place. Si elle l’avait détesté, comme me le dire ? C’est une situation dangereuse. Finalement, après des avis positifs venus de l’extérieur, elle s’est jetée à l’eau. Depuis, elle m’accompagne à chaque étape de l’aventure. En règle générale, l’avis des proches est à double tranchant. Négatif, il peut générer des tensions, positif on pourra les soupçonner de partialité. Aujourd’hui, nous avons constitué un comité de lecture composé de gens que j’aime assez pour savoir qu’ils ne me louperont pas si je pars dans une mauvaise direction, et je le leur demande. Leur présence m’est indispensable au cours de l’écriture. Quels sont vos projets ? Mon planning est déjà calé pour les deux années à venir. Je travaille actuellement sur la suite des "Vestiges de l’Aube" et sur une nouvelle série dont je vous reparlerai dans un an, un peu avant sa sortie. L’année 2014 sera très chargée puisque au premier semestre sortiront le premier tome de la BD des "Vestiges de l’Aube" et le Projet Morgenstern en poche. En fin d’année arriveront le second tome de BD, le poche des "Vestiges" ainsi que le deuxième roman de la série. En 2015, je reviendrai dans l’univers d’Eytan. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Question ardue tant je suis gêné de faire l’article de mes romans. Disons que j’écris des romans d’aventure, en utilisant des codes (polar, thriller, espionnage, fantastique) que je détourne pour raconter le destin d’hommes de femmes confrontés à la souffrance et à la folie. La grande Histoire est omniprésente dans mes livres car, à travers le divertissement, j’essaye de rappeler des faits peu connus, ou oubliés, qui devraient tous nous interroger en tant qu’individus et citoyens. Au final, j’essaye de faire des livres que l’on referme avec le sourire. |
Date de l'interview : Juillet 2013 © Des encres sur le papier