A vous la parole Fabrice Pichon...
Auriez-vous une anecdote à raconter, positive et/ou négative, qui s’est déroulée durant votre parcours d’auteur ? (ATTENTION ! SPOIL)
Ma préférée, parce qu’elle fut d’abord surprenante et qu’ensuite elle montre à quel point les personnages que nous créons ne nous appartiennent plus :
Lors d’un salon du polar, une lectrice fonce sur moi avec mon dernier ouvrage en main. Elle se plante et me lance :
Auriez-vous des conseils à donner pour tous les jeunes auteurs ou ceux qui voudraient se lancer dans l’écriture ?
L’expérience ne sert que celui qui l’a vécu et je n’ai pas de légitimité pour donner des conseils, je ne peux faire qu’un retour d’expérience : la mienne.
Ecrire ne doit pas être un acte commercial mais la réponse à un plaisir ou un besoin qui peut aider l’auteur à avancer dans sa propre existence. Il ne faut jamais se censurer lorsqu’on écrit. Jeter tout sur le papier comme cela vient. C’est seulement ensuite lors de la relecture qu’il faudra sans doute trier, effacer, recommencer. Mais le premier travail doit être un travail « spontané »
Ensuite il y a le regard des autres. Si l’auteur veut franchir le pas et se faire éditer, il faut qu’il sache qu’à partir de là il abandonne une partie de lui-même au regard des autres. Ensuite, il ne doit pas se décourager pour être publié. Je lui conseillerai de résister à l’appel des vendeurs de rêves qui ne sont que des prestataires de service ou des imprimeurs. La naissance d’un livre c’est la rencontre d’un texte avec une personne qui va miser dessus. Le premier regard critique et vierge de tout affect de l’autre. Un éditeur qui voudra et aura le moyens de faire partager le plaisir qu’il a ressenti, l’émotion qui l’a traversé à la lecture d’un manuscrit.
Quoiqu’il en soit, je pense que le plaisir doit guider l’auteur, égoïstement je dirai même son seul et unique plaisir.
Un mot pour tous les lecteurs qui vous suivent ?
Merci ! Je sais ce n’est pas original. Mais je ne connais pas d’autres mots permettant de dire ce qu’ils m’ont apporté. Même dans les instants de doute, leurs messages, leurs rencontres, leurs mots de sympathie m’ont toujours regonflé à bloc. Si j’ai encore aujourd’hui envie d’avoir envie c’est vraiment grâce à eux, alors oui ; MERCI !!
Ma préférée, parce qu’elle fut d’abord surprenante et qu’ensuite elle montre à quel point les personnages que nous créons ne nous appartiennent plus :
Lors d’un salon du polar, une lectrice fonce sur moi avec mon dernier ouvrage en main. Elle se plante et me lance :
- Je n’ai pas aimé la fin.
- Oui, vous n’aviez pas le droit de la faire mourir. Une femme avec deux filles ! Vous n’imaginez pas !
- Vous savez c’est un personnage de fiction. Dans la vraie vie elle n’existe pas.
- N’empêche vous n’aviez pas le droit ! Mais j’ai quand même aimé le livre, vous pouvez me faire une dédicace ?
- Depuis deux jours elle me casse les pieds à cause de vous, me jette le mari
- Faut toujours que t’exagère, le reprend sa femme.
- Bon faut que je vous dise. J’ai pas aimé la fin ! Marianne ( l’héroïne s’appelle Marianne Bracq) vous ne pouvez pas la faire mourir. C’est pas dans son caractère de lâcher prise , et en plus elle est responsable de deux enfants. Non, vous ne pouviez pas faire ça.
- Mais moi je n’ai rien fait
- Si ! Vous avez écrit qu’elle se suicidait.
- Je n’ai rien écrit de pareil.
- Je sais ce que je lis
- Je sais ce que j’écris. La preuve, lisez moi le dernier paragraphe.
- Ah ! me fait-elle dépitée, ce n’est pas écrit.
- Vous voyez, je vous l’ai dit. Je n’ai pas écrit qu’elle mourrait, mais vous l’avez fait mourir vous-même.
- Elle ne peut pas mourir. On l’aime Marianne et nous voulons qu’elle revienne. Vous avez déjà écrit le suivant ?
- J’ai commencé.
- Et alors ? Elle est là.
- Disons que je peux simplement vous dire que le livre commencera par un enterrement.
Auriez-vous des conseils à donner pour tous les jeunes auteurs ou ceux qui voudraient se lancer dans l’écriture ?
L’expérience ne sert que celui qui l’a vécu et je n’ai pas de légitimité pour donner des conseils, je ne peux faire qu’un retour d’expérience : la mienne.
Ecrire ne doit pas être un acte commercial mais la réponse à un plaisir ou un besoin qui peut aider l’auteur à avancer dans sa propre existence. Il ne faut jamais se censurer lorsqu’on écrit. Jeter tout sur le papier comme cela vient. C’est seulement ensuite lors de la relecture qu’il faudra sans doute trier, effacer, recommencer. Mais le premier travail doit être un travail « spontané »
Ensuite il y a le regard des autres. Si l’auteur veut franchir le pas et se faire éditer, il faut qu’il sache qu’à partir de là il abandonne une partie de lui-même au regard des autres. Ensuite, il ne doit pas se décourager pour être publié. Je lui conseillerai de résister à l’appel des vendeurs de rêves qui ne sont que des prestataires de service ou des imprimeurs. La naissance d’un livre c’est la rencontre d’un texte avec une personne qui va miser dessus. Le premier regard critique et vierge de tout affect de l’autre. Un éditeur qui voudra et aura le moyens de faire partager le plaisir qu’il a ressenti, l’émotion qui l’a traversé à la lecture d’un manuscrit.
Quoiqu’il en soit, je pense que le plaisir doit guider l’auteur, égoïstement je dirai même son seul et unique plaisir.
Un mot pour tous les lecteurs qui vous suivent ?
Merci ! Je sais ce n’est pas original. Mais je ne connais pas d’autres mots permettant de dire ce qu’ils m’ont apporté. Même dans les instants de doute, leurs messages, leurs rencontres, leurs mots de sympathie m’ont toujours regonflé à bloc. Si j’ai encore aujourd’hui envie d’avoir envie c’est vraiment grâce à eux, alors oui ; MERCI !!