Parlez-nous un peu de vous François-Xavier Cerniac...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? Cette une première question difficile ! Je ne sais pas si beaucoup d’auteurs savent précisément d’où leur vient ce désir d’écrire. Pour certains c’est un besoin, comme de manger, de boire et de dormir. Pour d’autres c’est une drogue qui les réveille la nuit. Et pour les plus tourmentés, c’est un démon qui les hante. Je n’en suis pas à ce point-là, mais il est vrai que lorsque je n’ai pas écrit depuis un certain temps, j’ai la petite lumière du manque qui s’allume et je sais que je vais me remettre à écrire. Alors, je dirais que pour moi, l’écriture est plutôt une passion omniprésente qui m’accompagne chaque jour, et c’est déjà pas mal. Mais je m’aperçois bien que je ne réponds pas vraiment à la question... Quelle est l’origine de cette passion ? De quoi est-elle née ? Sur ce point, je ne peux qu’émettre des hypothèses. La plus évidente serait que le plaisir d’écrire ne peut naître que du plaisir de lire. Ce fut le cas avec des auteurs comme Barjavel, Boris Vian ou encore Albert Camus. Mais tous les lecteurs n’écrivent pas me direz-vous… Alors quoi d’autre ? Qu’est-ce qui pousse un individu à écrire ? Serait-ce un regard particulier sur le monde ? L’envie de partager des idées ? À propos de nos insatisfactions sur le fonctionnement de la société ? Sur les violences qui jalonnent nos quotidiens ? Un peu de tout cela à la fois ? Sans doute… Et puis il y a aussi une mère qui a toujours aimé lire ce que ses enfants ont écrit pendant leur scolarité, et ce plaisir qui apparaissait lorsque la rédaction lui semblait réussie. Il y avait alors un petit garçon qui comprenait que l’on pouvait communiquer de l’émotion, procurer des sensations avec des textes. Tout cela a mûri avec les années et lorsque le désir de commettre des textes personnels s’est manifesté, il n’y avait plus qu’à plonger dans l’écriture, sans aucune hésitation. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? J’ai découvert les genres du thriller et du polar sur le tard et c’est "L’Empire des Loups" de Jean-Christophe Grangé qui m’a amené vers cet univers particulier. J’ai été littéralement happé par ce bouquin et la construction de ce type d’histoire. Cela correspondait à ce que j’avais pu apprendre de mon apprentissage au scénario quelques années auparavant. J’ai ensuite découvert des auteurs comme Franck Thilliez ou encore Pierre Lemaitre. Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? Sans hésitation, de mes deux héroïnes Estelle Carpanon ("Le tombeau du Phénix") et Claire Princet ("Memoria" et "Les gardiens de Dieu"). Parce que ce sont des personnes comme tout le monde, simples, avec des questionnements existentiels, qui cherchent une petite place sur cette planète pour pouvoir se sentir bien vivantes. Mais ce qui leur arrive les empêche de se projeter et d’être bien dans leur peau. Elles sont alors des victimes très fragiles, et pourtant, elles se révèlent fortes lorsqu’elles se retrouvent dos au mur. Ce qui les rend irrésistibles, c’est le combat qu’elles mènent pour leur vie, la façon dont elles se débattent pour tenter de garder la tête hors de l’eau. Ce sont des combattantes qui au bout du chemin, portent l’espoir, même si elles n’en sont pas conscientes. Après, si mes héros sont des héroïnes, c’est certainement pour mieux cacher la part de l’auteur qui se glisse dans les personnages. Étrangement, on compare les hommes et les femmes sur leurs différences, pas sur leurs points communs. Je deviens donc invisible dans mes romans Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Excitation, palpitations, enthousiasme, craintes, joie, appréhension. Et toujours cette même question : « Comment le livre va-t-il être perçu ? » C’est finalement un peu d’angoisse mais le meilleur remède est d’être déjà lancé dans une autre aventure. Jusqu’à aujourd’hui, l’accueil a toujours été bon. En espérant que cela dure ! |
Comment réagissez-vous face
aux critiques négatives ? En toute franchise, ce n’est jamais très plaisant même si l’on sait qu’il y en aura forcément ! Mais une critique négative argumentée s’accepte bien mieux qu’une critique qui se veut uniquement blessante. Mais on se doit d’accepter les critiques négatives car il est bien évident qu’il n’est pas possible de faire l’unanimité (et tant mieux d’une certaine façon). Avec les années, je pense pouvoir reconnaître les arguments qui me semblent justes et ceux qui relèvent purement du goût du lecteur et il y a souvent fois quelque chose à retenir de ces avis. Et puis on essaye de s’améliorer encore au roman suivant. Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ? Avec beaucoup ! Je rencontre des auteurs français lors de salons ou de manifestations diverses autour du livre et si j’étais amené à travailler sur un projet avec l’un d’eux, ce serait avec grand plaisir ! Mais disons que je ferai un clin d’œil particulier à quelques-uns : Olivier Norek, Jacques Saussey, David Moitet, Nils Barrellon, Pierre Gaulon, Claire Favan, Sandra Martineau, Nicolas Lebel, Hervé Commère, Maud Mayeras, Laurent Guillaume, et tant d’autres ! Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Compliqué de se faire publier ? Oui et non… Je n’ai pas le droit de me plaindre au regard d’autres auteurs qui ont dû être un peu plus patients. Il m’a fallu attendre 2 ans avant de parvenir à faire publier ce qui fut mon tout premier roman « Le Tombeau du Phénix ». C’est donc une double chance, et même une triple chance puisque ce roman a pu être lancé de belle façon avec le prix obtenu : Coup de cœur de Didier van Cauwelaert lors du Prix VSD du Polar 2011. Maintenant, je dois préciser que le parcours n’a pas été évident : j’ai écumé les maisons d’éditions (plus d’une vingtaine), j’ai reçu des lettres types de refus (une quinzaine), participé à la deuxième édition du concours « Thrillermania » organisé par Pocket et le site Evène en 2010 (concours qui aura été annulé suite au piratage du site), participé une première fois au prix VSD du polar, et ce n’est que lors de ma deuxième participation à ce prix (après plusieurs relectures et modifications du texte) que j’ai pu enfin réaliser le rêve de voir ce roman publié. Non, ce n’est pas simple mais il faut toujours y croire. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? C’est ma femme qui m’a fait découvrir le thriller et le polar. J’avais pas mal d’aprioris sur ce genre avant de m’y plonger mais en constatant qu’elle dévorait ce type de bouquins j’ai eu l’envie d’y goûter et j’ai été immédiatement contaminé ! C’est donc elle qui lit en tout premier lieu la version alpha d’un nouveau roman. C’est à partir de ses remarques que j’effectue les plus grosses retouches sur mon texte. Quels sont vos projets ? Je suis dans l’écriture d’un roman noir et ce sera mon quatrième ouvrage. J’ai également plusieurs idées auxquelles je réfléchis : un roman d’aventure, un roman jeunesse et une idée de série policière. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Venez porter Estelle Carpanon et Claire Princet, elles ont besoin de votre aide pour parvenir à nager au milieu d’âmes noires et de mystères pernicieux ! Elles comptent sur vous ! |
Date de l'interview : Septembre 2015 © Des encres sur le papier