Parlez-nous un peu de vous Gabriel Malgrange...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? L’élément déclencheur apparaît en 1999, suite au décès d’une amie dans un accident de voiture. Comme bien souvent dans ce genre de situation, nous avons la possibilité d’étaler nos sentiments sur le papier plutôt que d’en parler autour de nous. J’aurais pu commencer un journal intime mais j’ai pris la résolution d’écrire un roman et de m’y faire parler à travers mes personnages. Cela me semblait être une thérapie plus intéressante et plus profonde. Quelques années plus tard, je me suis retrouvé avec un roman de 280 pages. A l’époque, j’ai décidé de ne rien en faire car l’histoire était un peu tirée par les cheveux. A vrai dire, ce roman a été une thérapie personnelle mais aussi une très bonne introduction à l’écriture, si bien que je ne pouvais plus m’en passer. Je me suis alors plongé dans plusieurs projets de nouvelles et de romans, dont Portes ouvertes et les deux autres volumes de la Trilogie de l’Inhumanité. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? Pour les idées, j’aime répondre autour de moi que ma véritable inspiration c’est la vie. C’est un puits sans fond dans lequel on trouve tout ce dont on a besoin pour écrire. Il suffit de regarder autour de soi, d’écouter, d’observer et de lire. Par exemple, l’idée de l’utilisation et de l’exposition des corps dans Portes ouvertes m’a été suggéré par la lecture d’un article sur Body Worlds, une exposition de cadavres qui a eu lieu dans quelques capitales à travers le monde, dont Paris. Pour l’écriture, au risque de paraître banal, je citerai l’incontournable Stephen King, pour la façon de raconter des histoires, et Emile Zola, pour la poésie et la précision des mots, et la profondeur de l’écriture. En fait, j’aime tous les styles de littératures et toutes les époques mais mon domaine de prédilection reste l’horreur. Parmi votre roman Portes Ouvertes, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? Pour moi, écrire c’est se révéler aux autres, c’est remuer les souvenirs dans son esprit et se faire parler à travers ses personnages. Je pense donc qu’il y a un peu de moi-même dans chacun de mes personnages, qu’ils soient principaux ou secondaires. Par exemple, Valérie Lanvin, le professeur de mathématiques qui accompagne les élèves dans le roman, pourrait en quelque sorte être le reflet de ce que j’ai été durant les très courtes années où j’ai enseigné. Elle et moi avons en nous les mêmes cicatrices. Quant aux politiciens, comme Claude Guillermo ou Grégoire de la Vélardière, j’exprime à travers eux mes doutes et mon dégoût de la politique. Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Il faut savoir que j’ai passé trois longues années à peaufiner le roman et que donc, lorsque je l’ai mis en vente en ligne, le sentiment de libération a été très intense. Bien sûr, Il y avait aussi de la joie et de la fierté car j’étais enfin arrivé au bout de l’aventure. Cependant, l’envie d’aller encore plus loin et de se lancer un nouveau défi pour le tome 2 s’est manifesté très vite. Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Je ne crois pas qu’on puisse y échapper, malheureusement. Lorsqu’on est artiste, que l’on soit écrivain, chanteur, musicien ou peintre, il faut accepter de ne pas plaire à tout le monde. Pour moi, la critique négative peut être bénéfique à condition qu’elle soit construite autour d’arguments solides. Toutefois, je me console en me rappelant que beaucoup d’artistes ont été rejetés à leurs débuts ou n’ont été reconnus que plus tard, après leur mort. Si l’on déteste Portes ouvertes aujourd’hui et que demain une autre génération de lecteurs le redécouvre et en fait un roman culte, je suis prêt à l’accepter. Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ? Pour être honnête, je ne me suis pas encore posé la question. C’est un peu tôt, il me semble. En ce moment, ma priorité est de faire connaître Portes ouvertes au plus grand nombre et de constituer un lectorat. Sans ses lecteurs, un auteur n’est rien. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? Je sais que c’est fortement conseillé mais la réponse est non. Plusieurs ami(e)s se sont proposé(e)s pour la relecture de Portes ouvertes mais j’ai refusé. Il est souvent très difficile pour quelqu’un qui vous connait d’être vraiment objectif, même si vous le lui demandez. Je préfère donc l’avis de lecteurs anonymes car lors de la lecture ils ne jugeront que le texte, étant donné qu’ils ne connaissent pas l’auteur personnellement. C’est un risque à prendre et je l’ai pris. |
Quelles sont les démarches que vous effectuez pour trouver un éditeur à Portes ouvertes ?
Je crois que mes démarches sont les mêmes que celles de tous les autres auteurs à la recherche d’un contrat (téléphoner aux maisons d’éditions pour connaître leurs exigences en matière de présentation de manuscrit, savoir si leur catalogue pour l’année en cours est clos ou pas...) Cela dit, l’attente est toujours longue et c’est pour cette raison que j’ai proposé le roman en version numérique avant de démarcher les éditeurs. Faire circuler le roman est une priorité pour moi. Je voulais connaître les avis des lecteurs et des bloggeurs et faire connaître l’histoire aux communautés existantes. Plusieurs blogueurs et blogueuses ont accepté de lire le roman. Il devrait donc y avoir quelques chroniques disponibles bientôt. Le blog Vibration Littéraire m’a ajouté sur sa page en tant qu’auteur partenaire et a ajouté Portes ouvertes dans sa rubrique Sunday’s Books. Vous, vous m’avez proposé une interview. Tout cela me fait vraiment très plaisir et m’encourage à continuer. Les exemples où ce genre de démarches a conduit l’auteur vers le succès sont nombreux mais je retiendrai plus particulièrement celui de Aurélie Valognes et son roman Mémé dans les orties, qui démontre que si l’auto-publication numérique et la promotion sont bien faites, elles peuvent déboucher sur un contrat d’édition. Dès septembre, j’aurai fini mes recherches. J’imprimerai alors quelques exemplaires du roman et je les enverrai aux éditeurs que j’ai choisis. Quels sont vos projets ? Voici mon calendrier littéraire : 1 - Depuis le 1er juillet : Promotion de Portes ouvertes et constitution d’une liste d’éditeurs jusqu’en septembre. 2 - Septembre 2015 : Début de la rédaction du tome 2 de la Trilogie de l’Inhumanité. Comme le tome 1 a pour thème central le sécurité routière, ce tome 2 aura pour thème central le tabagisme. Attendez-vous à une histoire tout aussi dérangeante que celle de Portes ouvertes. Envois du manuscrit de Portes ouvertes aux éditeurs. 3 - En 2016 : Publication de la version anglaise de Portes ouvertes. Etant bilingue j’ai les compétences nécessaires pour effectuer ce long travail. Cela m’ouvrira les portes d’un marché plus vaste et me permettra de démarcher des éditeurs anglais. Je n’ai pas encore de date précise. 4 - Janvier 2017 : Publication du tome 2 de la Trilogie de l’Inhumanité et campagne de promotion similaire à celle que je fais en ce moment pour le tome 1. A nouveau, sélection et envois du manuscrit aux éditeurs. 5 – Avril 2017 : Début de la rédaction du tome 3 qui aura pour thème central l’aide humanitaire et l’argent. L’histoire aura lieu à la fois en France et en Afrique. Il y aura dans ce dernier tome toujours de l’horreur mais aussi un soupçon de science-fiction. 6 - Janvier 2018 : Publication de la version anglaise du tome 2. 7 – Septembre 2018 : Publication du tome 3 et fin de la Trilogie de l’Inhumanité. 8 – Juin 2019 : Publication de la version anglaise du tome 3. Voilà un programme très chargé comme je les aime, le plus important étant de respecter les échéances ou, au mieux, de les écourter. J’aimerais aussi, dans la mesure du possible, ponctuer les moments creux par des publications de nouvelles. Peut-être une tous les trois ou quatre mois, histoire de nourrir les lecteurs. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Mon univers, c’est celui de la Trilogie de l’Inhumanité. Celui de Portes ouvertes. C’est un univers sombre et malsain, reflet effrayant d’une réalite possible et qui laisse peu de place pour les belles choses. Lors de l’écriture du roman, je ne pouvais m’empêcher de repenser à ces grandes œuvres que sont 1984 de George Orwell, La Servante écarlate de Margaret Atwood ou Le Meilleur des mondes de Aldous Huxley. Comme eux, j’y dénonce les dérives de la politique d’un Gouvernement devenu une machine impérieuse. Le citoyen est objet. Le corps est une marchandise. C’est dans ce monde-là que je vous invite à pénétrer... |
Date de l'interview : Juillet 2015 © Des encres sur le papier