Parlez-nous un peu de vous Grégory Covin...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? Tout a commencé avec les jeux de rôles. Et principalement l'Appel de Cthulhu, inspiré de l'univers d'H.P. Lovecraft. Je ne voulais pas interpréter des scénarios préparés mais les écrire moi-même. Mais c'est véritablement vers 18 ans, et l'entrée à la Faculté, avec la difficulté de se réunir entre amis pour jouer, que je me suis mis à écrire des nouvelles. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? Si Lovecraft a été déterminant, via son univers éclaté, empli de forces et de créatures innommables, j'étais un grand fan de Graham Masterton. J'ai lu une vingtaine de ses romans, avec des perles comme Manitou, Le Portrait du mal, Rituel de chair ou Démences. J'ai eu la chance d'être publié avec lui dans le fanzine Borderline 3. Il y a eu Robert McCammon ou encore Brian Lumley qui m'ont influencé. Parmi toutes vos histoires, de quel(s) personnages êtes vous le plus proche ? J'exerce toujours un grand recul quand j'écris à la troisième personne. Je deviens dès lors une sorte d'observateur qui raconte. Par contre, à la première personne, je suis le personnage. J'essaie de ressentir et de m'imprégner de sa personnalité pour la transmettre au mieux au lecteur. Et c'est tout l'intérêt de l'écriture, c'est un jeu d'acteurs dans lequel on endosse tous les rôles. Que racontait la première histoire que vous ayez écrite ? Mon premier texte faisait trois pages, et contait l'histoire d'un enfant qui se retrouvait seul, chez lui, pour la première fois de sa vie. L'homme crocodile lui rendait visite, entité de cauchemar venant dévorer les enfants qui n'ont pas été sages. Quelle histoire à eu le plus de succès ? Le succès est principalement corrélé aux commentaires que je peux lire sur mon texte, étant principalement publié dans des anthologies. Des Profondeurs (chez Outremonde) ou encore 00011001 (chez Mots et Légendes) ont eu de très bons retours. Mais les commentaires se font malheureusement de plus en plus rares. Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? C'est un mélange d'excitation et d'attente ; attente liée aux commentaires, comme dit plus haut. Si aucun lecteur ne donne son avis, que l'anthologie ait été téléchargée des centaines de fois ne m'apporte pas beaucoup de renseignements. Je dirais donc qu'il s'agit d'excitation et d'espérance à lire quelques retours. Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? De mieux en mieux avec l'âge (rires). On ne peut pas plaire à tous le monde, et c'est une bonne chose. Il en faut pour tous les goûts, après c'est la façon de présenter la critique qui peut agacer - il faut un juste milieu. Je les prends de moins en moins en compte également. J'ai été suffisamment publié pour être rassuré et savoir que si un texte reçoit une mauvaise critique par un lecteur, il pourra être adoré par un autre (c'est arrivé). |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
J'ai travaillé avec quelques dessinateurs pour des scénarios de BD, mais cela n'a rien d'évident. Je reconnais que j'aime travailler seul et mener la barre selon mes choix. Je suis davantage en quête d'auteurs "maîtres", à lire, pour me prendre une claque. Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Mon premier envoi a été pour la revue Science-fiction magazine (le texte s'intitulait En regardant passer le train) et j'ai été publié. J'ai donc eu beaucoup de chance, alors que je m'attendais, pour une première tentative, à un refus. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? Presque toujours. Même si cela n'a rien d'évident. Je n'ai jamais eu beaucoup d'amis aimant lire, et je ne force personne. Ma mère est ma première lectrice. J'étais lu par des copines, à la Fac, mais c'était en général après avoir été publié. A cette époque, il y avait beaucoup moins d'appel à textes ; aujourd'hui, avec les dates de rendu, je ne pourrais pas forcément attendre qu'on me donne son avis. Egalement, avec l'expérience, je ne doute pas de mon texte et il ressemble à ce que j'avais en tête ; donc à moins d'un passage incompréhensible, d'un contresens à un endroit, la lecture d'un proche ne me sert pas à corriger quoi que ce soit mais à avoir un premier retour. Si vous deviez publier un livre, quel genre serait-ce ? J'ai écris des nouvellas d'Heroic Fantasy, dont l'une va être publiée prochainement chez Mots et Légendes. Mais j'aime le fantastique en général, donc il s'agirait d'un roman fantastique. Je suis d'ailleurs incapable d'écrire autre chose. Je n'ai pas l'esprit "polar" par exemple. Je ne supporte par les séries TV NCIS et compagnie qui, à mes yeux, se ressemblent toutes. J'aurais sans doute du mal à écrire un long récit de science-fiction, mais de la terreur ou de l'Heroïc Fantasy ne me posent aucun problème. Avez-vous envie de publier un livre ou préférez-vous continuer d'écrire des nouvelles ? L'avantage des nouvelles est qu'il est facile de les présenter à des concours ou des appels à textes, nombreux en l'espace d'un an. Le roman est à mes yeux quelque chose de plus flou, en terme de publication. Beaucoup de travail pour une possibilité très réduite d'être publié. A une époque, j'aurais écrit pour le plaisir et tant pis si personne ou presque ne me lit ; aujourd'hui, j'aime bien me confronter aux autres et les appels à textes sont parfaits pour ça. Quels sont vos projets ? J'ai réussi quelques concours, donc j'attends les retours pour corrections. Et j'écris actuellement une nouvelle en lien à un appel à textes. J'ai également des chroniques BD à rendre pour la revue Science-fiction magazine, pour laquelle je travaille depuis plus de 10 ans, donc je suis bien occupé. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Mon but est de prendre le lecteur par la main, pour mieux la lui lâcher alors qu'il ne s'y attend pas. Je suis toujours en quête d'originalité et de rebondissements ; en fait, j'écris ce que j'aimerais lire. Et je m'impose assez peu de limites. Si mon lecteur aime le fantastique et les surprises, il devrait passer un bon moment en ma compagnie. |
Date de l'interview : Janvier 2016 © Des encres sur le papier