A vous la parole Ian Manook...
Auriez-vous une anecdote à raconter, positive et/ou négative, qui s’est déroulée durant votre parcours d’auteur ?
Quelques mois après la sortie de mon roman pour la jeunesse, je suis sélectionné pour le prix Gulli/ Le Parisien. Je vais à la remise des prix sans beaucoup d’espoir car de grands talents de la littérature jeunesse sont en compétition. Avec un ami je m’assieds tout en haut des gradins et nous bavardons de choses et d’autres pendant la cérémonie. En attendant le cocktail à suivre, pour être honnête. Quand Amanda Sthers annonce le nom du lauréat, je jette un coup d’œil distrait sur la salle pour voir qui va se lever. Personne. Moment de flottement. Murmure dans l’assistance. Je me penche vers la personne assise devant nous. Que se passe-t-il ? Le gagnant n’est pas là apparemment ! Ah bon, c’est qui déjà ? Paul Eyghar. Je cherche des yeux cet inconnu ou trop timide pour se montrer, ou trop peu sûr de lui pour être venu. Un coup de coude de mon ami me ramène à la réalité. C’est toi ! Quoi c’est moi ? Paul Eyghar, c’est toi !
Je lâche aussitôt un « Oh merde, oui c’est moi » qui fait rire l’assistance et je dévale les gradins pour rejoindre la scène. J’avais complètement oublié ce pseudonyme que j’avais choisi pour signer ce roman…
Auriez-vous des conseils à donner pour tous les jeunes auteurs ou ceux qui voudraient se lancer dans l’écriture ?
Chacun écrit à sa manière. Il n’y a pas de règle générale. Le meilleur conseil, c’est d’écrire. Toujours. Chaque jour. Ne serait-ce que quelques lignes. Puis de ne jamais oublier qu’on écrit pour être lu, plus que pour se faire plaisir. Le but, c’est de captiver le lecteur. Alors ne pas hésiter à gommer le superflu, couper l’inutile, raboter le prétentieux pour essayer d’approcher ce que j’appellerais une élégance efficace. Savoir reconnaître ses tics d’écriture et accepter de les corriger, et surtout, surtout, ne pas succomber à la vanité d’auteur.
Un mot pour tous les lecteurs qui vous suivent ?
C’est le grand mystère de cette alchimie de l’écriture : un individu solitaire qui s’isole pour s’investir personnellement dans un récit, et de l’autre côté une multitude anonyme qui va s’approprier cette histoire. J’ai mis longtemps à comprendre que chacun d’entre vous ne lisait pas seulement mon roman, mais à travers ce que j’écris, son propre roman. Je n’ai décrit physiquement de Yeruldelgger que ses mains, et pourtant les lecteurs que je rencontre et qui m’en parlent en ont une idée très précise : taille, poids, couleur des cheveux…C’est une alchimie qui ne fonctionne pas toujours, et quand le miracle du succès se produit, la question se pose alors du « catalyseur » des sentiments et des émotions, comme disait Aldous Huxley dans le Génie et la déesse. Dans cette solution où le roman se dilue dans son public, quel est l’élément qui provoque la catalyse et cristallise soudain le projet en un précieux succès. Et plus j’y pense, plus je suis convaincu que ce catalyseur, c’est en chacun des lecteurs qu’il faut le chercher. Ou plutôt le laisser agir en secret, sans chercher à l’analyser, pour conserver la magie de cette réaction.
Quelques mois après la sortie de mon roman pour la jeunesse, je suis sélectionné pour le prix Gulli/ Le Parisien. Je vais à la remise des prix sans beaucoup d’espoir car de grands talents de la littérature jeunesse sont en compétition. Avec un ami je m’assieds tout en haut des gradins et nous bavardons de choses et d’autres pendant la cérémonie. En attendant le cocktail à suivre, pour être honnête. Quand Amanda Sthers annonce le nom du lauréat, je jette un coup d’œil distrait sur la salle pour voir qui va se lever. Personne. Moment de flottement. Murmure dans l’assistance. Je me penche vers la personne assise devant nous. Que se passe-t-il ? Le gagnant n’est pas là apparemment ! Ah bon, c’est qui déjà ? Paul Eyghar. Je cherche des yeux cet inconnu ou trop timide pour se montrer, ou trop peu sûr de lui pour être venu. Un coup de coude de mon ami me ramène à la réalité. C’est toi ! Quoi c’est moi ? Paul Eyghar, c’est toi !
Je lâche aussitôt un « Oh merde, oui c’est moi » qui fait rire l’assistance et je dévale les gradins pour rejoindre la scène. J’avais complètement oublié ce pseudonyme que j’avais choisi pour signer ce roman…
Auriez-vous des conseils à donner pour tous les jeunes auteurs ou ceux qui voudraient se lancer dans l’écriture ?
Chacun écrit à sa manière. Il n’y a pas de règle générale. Le meilleur conseil, c’est d’écrire. Toujours. Chaque jour. Ne serait-ce que quelques lignes. Puis de ne jamais oublier qu’on écrit pour être lu, plus que pour se faire plaisir. Le but, c’est de captiver le lecteur. Alors ne pas hésiter à gommer le superflu, couper l’inutile, raboter le prétentieux pour essayer d’approcher ce que j’appellerais une élégance efficace. Savoir reconnaître ses tics d’écriture et accepter de les corriger, et surtout, surtout, ne pas succomber à la vanité d’auteur.
Un mot pour tous les lecteurs qui vous suivent ?
C’est le grand mystère de cette alchimie de l’écriture : un individu solitaire qui s’isole pour s’investir personnellement dans un récit, et de l’autre côté une multitude anonyme qui va s’approprier cette histoire. J’ai mis longtemps à comprendre que chacun d’entre vous ne lisait pas seulement mon roman, mais à travers ce que j’écris, son propre roman. Je n’ai décrit physiquement de Yeruldelgger que ses mains, et pourtant les lecteurs que je rencontre et qui m’en parlent en ont une idée très précise : taille, poids, couleur des cheveux…C’est une alchimie qui ne fonctionne pas toujours, et quand le miracle du succès se produit, la question se pose alors du « catalyseur » des sentiments et des émotions, comme disait Aldous Huxley dans le Génie et la déesse. Dans cette solution où le roman se dilue dans son public, quel est l’élément qui provoque la catalyse et cristallise soudain le projet en un précieux succès. Et plus j’y pense, plus je suis convaincu que ce catalyseur, c’est en chacun des lecteurs qu’il faut le chercher. Ou plutôt le laisser agir en secret, sans chercher à l’analyser, pour conserver la magie de cette réaction.