Parlez-nous un peu de vous Jean-Pierre Favard...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? De la lecture. Mais je pense que nous sommes beaucoup dans ce cas-là. Je crois qu'il arrive toujours un moment où on se dit "et pourquoi pas moi ?" ou "et si j'essayai ?". OK, il faut manquer de modestie pour en arriver là. Et peut-être de jugeote aussi. Mais après tout, d'autres l'ont bien fait... et puis, le principal, c'est de prendre du plaisir. Et si, en plus, on peut en donner à quelques lecteurs (des gens qu'on ne connaît même pas !) ... Bref, c'est un peu tout ça. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? Ils sont nombreux. Et "inspiré" est peut-être un bien grand mot. Eux, ce sont de vrais écrivains. Moi, je ne suis qu'un modeste auteur. Mais s'il faut donner des noms, eh bien, allons-y : Philippe Djian (je crois que tout a commencé avec lui, tu sais (on se tutoie, n'est-ce pas ?), le bouquin que tu lis à quinze-seize ans, alors que jusque-là tu ne lisais que les bouquins pour le lycée, genre "Madame Bovary". Et que d'un seul coup tu réalises que, "wah, ça peut être ça, aussi, la littérature ?" et de là, tu ne décroches plus). Stephen King (évidemment). Irvine Welsh. Bret Easton Ellis. Michel Houellebecq. Philippe Jaenada. Vincent Ravalec. Paul Auster. Umberto Eco. Virginie Despentes. Et puis, quand tu écris, forcément, à un moment ou à un autre, tu rencontres des gens qui sont comme toi, dont certains qui te laissent sur le cul tellement ils sont plus forts que toi : Pierric Bailly, François Fierobe, Laurent Mantese, Jonas Lenn... là encore, ils sont nombreux. Je te disais, au début, qu'inspiré était peut-être un bien grand mot, disons que je lui préfère le terme de : scotché. Voilà, je lis pour être étonné, charmé, passionné. Et ces gens-là font partie de ceux qui y parviennent. Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? Il y a ce personnage de gendarme dans "La nuit de la Vouivre", la maréchal des logis-chef Anguenin. Le genre un peu décalé, pas franchement à sa place, mais qui creuse et s'intéresse à l'Histoire, aux légendes. Un type plutôt gentil, plutôt curieux. Et pas forcément à l'aise avec les autres. Au fond de moi, je suis un ours. Mais je reste bonne pâte. On a tous nos contradictions. Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Heureux de pouvoir en sortir un nouveau. D'avoir cette chance d'être publié. Et de me dire que peut-être, quelque part, il y a une ou deux personnes qui seront contentes d'apprendre que je sors un nouveau bouquin. Comme je le suis moi-même quand j'apprends qu'un des auteurs cités en réponse de la question 2 va bientôt en sortir un. Un peu stressé, aussi, il ne faut pas se le cacher. Parce que bon, je n'ai pas envie de décevoir ces un ou deux lecteurs qui m'attendent. Et si en plus ils pouvaient être trois... Comme je te le disais, je fais ça parce que ça m'amuse. J'aime inventer des histoires. Plonger des personnages dans des situations invraisemblables. Voir comment ils s'en sortent. Réfléchir à des situations. Faire des recherches. Creuser. Et si, en plus, ça en amuse d'autres... sincèrement, je n'en demande pas plus (bon, OK je ne te cache pas que s'ils pouvaient être des millions à aimer ça, ça m'irait aussi). Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Je ne sais pas, je n'en ai jamais eu. Enfin si, une seule fois. Mais le type courait trop vite et je n'ai pas réussi à le rattraper. Le seul truc que je sais c'est que depuis il s'est mis à la pâtisserie... et qu'il envisage de changer de nom, de pays, de sexe aussi. Mais c'est sans doute une pure coïncidence. Et sinon, toi, tu as aimé mon bouquin ? |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
Un autre auteur ? Je ne sais pas si je parviendrais à écrire à quatre mains (expression ridicule, à deux mains serait plus exact). N'oublie pas que je suis un ours. Par contre, une chose que j'adore, c'est laisser carte blanche à un (ou une) illustrateur (-trice) pour qu'il (elle) s'empare de mon "univers" (en tout cas de celui du roman dont il (elle) a en charge la réalisation de la couverture) et voir ce qu'il (elle) en tire. C'est souvent étonnant. J'aime l'objet livre (ne me parle pas de numérique !). Je ne sais pas jusqu'à quand je réussirai à être publié. Donc, pour chaque livre, je me fais plaisir. Je veux qu'il soit le plus beau possible (et puis, bon, ne nous voilons pas la face non plus, je sais que je ne vais pas attirer des masses de lecteurs sur mon seul nom... alors autant mettre toutes les chances de mon côté en proposant un livre qui "a de la gueule"). Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? La menace. Il n'y a que ça qui fonctionne. Choisir un éditeur pas trop costaud et faire les gros yeux (bon, mesurer plus d'un mètre quatre-vingt aide aussi pas mal). Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? Non. J'ai du mal. Pas que je ne fasse pas confiance mais c'est encore beaucoup trop "personnel" à ce stade-là. Je sais que ça peut paraître tordu comme réponse. Mais étant moi-même passablement tordu (je ne te l'ai pas encore dit ?) ça ne m'étonne pas du tout de moi. Le bouquin ne commence vraiment à exister que quand il est sorti (donc quand il est trop tard... quand je te dis que je suis tordu comme mec). Quels sont vos projets ? J'en ai plein et c'est ça qui est bien. Deux rééditions (un roman et un recueil) qui se profilent. Un diptyque est également en cours de rédaction (le premier tome est presque achevé). Et j'imagine que d'ici un ou deux ans l'envie de sortir un nouveau recueil de nouvelles me titillera sérieusement. Bref, comme je te le disais précédemment, j'ai la chance d'être édité (surtout que ces trois projets sont avec trois éditeurs différents) alors, égoïstement, j'en profite. Et puis il y a aussi "ma" collection, celle que je dirige aux éditions La Clef d'Argent, ça s'appelle la collection LoKhaLe et pour l'heure, six titres sont déjà parus. Nous prévoyons d'en sortir deux par an (la collection existe depuis trois ans, le compte est bon !). Et comme j'ai déjà des auteurs qui planchent sur les prochains. Que des gens dont j'apprécie le travail évidemment (je fonctionne uniquement en passant des commandes). Du coup, je me fais plaisir. Je commande des textes à des auteurs que j'admire et je les reçois en avant-première, chez moi, je les travaille (plus ou moins) avec eux, bref, ce n'est que du bonheur (comme on dit). Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Que j'ai repris l’entraînement et que je cours de plus en plus vite (et que je mesure effectivement plus d'un mètre quatre-vingt). Donc, moi, à votre place... La menace, je te l'ai dit, y'a que ça qui marche. |
Date de l'interview : Septembre 2017 © Des encres sur le papier