Parlez-nous un peu de vous Jean Vigne...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? Depuis mon enfance, les mondes imaginaires m’ont toujours fasciné. Une fois adolescent, je suis tombé dans l’univers du jeu de rôle (mes toutes premières parties de AD&D en 1979, ça date)). J’ai aussi découvert la SF à travers Fleuve Noir et sa collection anticipation, avant de me lancer dans d’autres lectures, d’autres univers. Pourtant, ce n’est qu’à 35 ans que l’appel de la plume m’a poussé vers l’écriture, attiré avant par le dessin et la musique. Comme quoi, il n’est jamais trop tard pour se lancer. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? Je pourrais en citer pas mal (comme Frank Herbert, Asimov ou encore Michael Moorcock et son fabuleux et torturé Elric, mais aussi Stephen King). Mais, en vérité, mon inspiration vient plus du monde du cinéma. Il ne faut pas oublier mon âge avancé (sic), qui m’a permis de découvrir Star Wars épisode IV dans une salle de cinéma lors de sa sortie, tout comme Conan, Alien, Indiana Jones,Blade Runner et j’en passe, à une époque où nous n’étions pas saturés à outrance (pour ne pas dire blasés) d’effets spéciaux. Tout cela a nourri le rêve. Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? Arf, de tous bien sûr (mensonge). En fait, ma réponse va être double (sans doute commune à de nombreux écrivains). Un auteur, selon moi, est en phase avec les personnages de son récit actuel, celui dans lequel il se trouve plongé au moment de l’écriture. Ainsi, j’ai énormément apprécié Amanda et Sylvie (Opération Menhir) pour leurs caractères opposés. Que dire de ma galerie de personnages dans ma saga "Le dernier vampire" où finalement je me suis retrouvé un peu dans chacun d’entre eux. Néa, elle, je l’ai côtoyé durant plus d’un an et demi comme un père veillant sur son enfant, mais maintenant, elle vit sa propre existence. Et moi, je suis passé à l’écriture d’une autre trilogie (terminée d’ailleurs), avec une autre héroïne, Solana, différente par bien des aspects de Néa, mais dont je me suis sentie tout aussi proche. Toutefois, un personnage secondaire, mais récurant, ressort dans ce lot de personnalités : Antonio Alonzo. Un policier en fin de carrière, un peu rustre sur les bords, brut de fonderie pour employer une expression commune, mais pas sans cœur. Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Assez anxieux. Le syndrome de pas mal d’écrivains, d’après moi. Et pourtant, j’en ai écrit et publié un bon nombre, mais non, ça ne passe pas. Ainsi, j’ai une double sortie entre mars/avril (le dernier tome de ma trilogie vampirique au Petit Caveau et le dernier tome de ma trilogie au Chat Noir), et bien, je ne serai rassuré qu’une fois les premiers commentaires (positifs) reçus. Et encore... Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Il faut les accepter, c’est le jeu. Ce n’est jamais facile, on grince parfois des dents, mais les avis des lecteurs(trices)/chroniqueurs(euses) sont indispensables, non seulement pour nous rendre visibles, mais aussi pour nous aiguiller sur nos possibles erreurs. Ensuite, il faut savoir en tant qu’auteurs faire la part des choses. Les critiques (surtout négatives) se doivent d’être argumentées, sinon, quel axe d’amélioration prendre ? Et puis, si une critique négative arrive pour contredire sur le même thème vingt autres avis, peut-être ne faut-il pas trop s’attarder dessus. Tout auteur doit conserver un élément essentiel à l’esprit : on ne peut pas plaire à tous. Vouloir atteindre absolument cet objectif peut conduire à un contre résultat : des histoires et des personnages sans relief. C’est la prise de risques qui peut faire sortir du lot un auteur et non l’uniformisation. |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
Parmi les très grands (on peut rêver), sans aucun doute, G.R.R.Martin. Pas mal de personnes critiquent son œuvre, moi, personnellement, je reste ébahi par la grandeur de son projet, sa mise en scène moderne (bien que desservi par la première traduction, un peu trop archaïsante et soutenue à mon goût), son sens du récit. Game Of Thrones, quoi que l’on en pense, traversera les âges et restera une œuvre solide, quand les miennes auront probablement disparu dans les affres du temps depuis longtemps. Il aura consacré un tiers de sa vie à ce projet, cela force le respect pour moi. Je peux aussi citer Stephen King qui a bercé ma jeunesse et même si aujourd’hui, il s’essouffle un peu, il reste et restera un grand vulgarisateur de la SFFF, avec un don tout particulier pour décrire l’Amérique profonde à laquelle il semble attaché. Un cran en dessous (non par la qualité, mais par la visibilité mondiale), Franck Thilliez ou Maxime Chatham, les maîtres du suspense noir. Plein d’autres noms d’auteurs me viennent encore à l’esprit, nous sommes tellement nombreux, nous sommes légion. Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Oui et non. C’est toujours compliqué de faire publier son premier manuscrit, mais n’ayant pas trop d’ambition à l’époque, je n’ai pas fait de grandes recherches, j’ai trouvé une petite maison à compte d’éditeur (seul critère indispensable pour moi) et cette maison après comité de lecture l’a accepté. Soyons honnête, même si j’estime ce manuscrit correct, la maison en question était moins regardante que d’autres, ce qui m’a permis de mettre le pied à l’étrier (et surtout d’y croire). Je suis donc rentré dans le monde de l’édition par la toute petite porte et depuis je grimpe les marches (nombreuses) une à une pour atteindre le firmament. C’est parfois difficile, parfois démotivant lorsque vous ramez encore après tant d’années, mais les rencontres avec les lecteurs(trices) me dopent à chaque fois. C’est à mon sens le meilleur moteur pour tout auteur, petit ou grand. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? Oui. Ma toute première lectrice depuis toujours, c’est ma femme (qui n’en peut plus de lire du Jean Vigne). Avec elle, je sais rapidement si je me suis planté. Ensuite, j’avais au début quelques bêta-lectrices, mais pour Néa (et quelques autres manuscrits pas encore publiés), j’ai carrément fait appel à la bonne volonté de trois chroniqueuses (Élodie de Limaginaria, Mélusine de Ma bouquinerie et Noémie de Raconte-moi une histoire). C’est indispensable d’avoir l’avis des autres, afin de rassurer le fameux auteur inquiet… (même si mes éditeurs ne cessent de me dire : mais si, c’est super, tu verras, tout va bien se passer… allez, bois ton infusion camomille). Quels sont vos projets ? Alors, comme je l’ai dit, j’ai une trilogie Urban Fantasy terminée et donc à publier. J’ai aussi un thriller qui devrait sortir fin 2015, début 2016 aux éditions Rebelle (avec ce fameux Alonzo). J’ai une suite complète de mon mini-roman édité chez Rebelle dans le recueil Un chasseur à Paris. J’ai également quelques romans qui dorment dans le fond de mon tiroir et qu’il faudrait que je dépoussière, bref, de quoi tenir quelques années. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Mon but premier lorsque j’entame un nouveau roman est de me faite plaisir, condition indispensable pour transmettre ce bien-être aux lecteurs. Ma deuxième priorité, toujours surprendre le lecteur, ne jamais écrire la même histoire, changer d’horizon, de personnages, de lieux, varier si possible les styles, bref, faire voyager dans tous les sens du terme les lecteurs. C’est un risque, mais je l’assume. Ma dernière préoccupation, rester humble, ne pas se prendre pour quelqu’un que je ne serai jamais. Rester sincère dans ses écrits et, si possible, dans la vie, ne pas écrire pour écrire dans le seul but de pondre un texte si je n’ai plus rien à partager. Ce jour-là, j’arrêterai (mais que mes lecteurs se rassurent, j’ai encore beaucoup d’histoires dans la tête à conter, trop même, ça déborde, Mayday… ) |
Date de l'interview : Mars 2015 © Des encres sur le papier