Parlez-nous un peu de vous Jeanne Faivre d'Arcier...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? J'ai commencé à écrire des petits poèmes à sept ou huit ans. J'ai surtout beaucoup lu car j'étais fille unique et j'avais peu de contacts avec d'autres enfants, sauf pendant les grandes vacances. Ma mère était assez rigide. Donc la lecture était mon occupation préférée. Quand j'écris, j'essaie de transmettre aux autres le plaisir de lire. Je suis une lectrice exigeante. Ou je rentre dans une histoire immédiatement et je vais jusqu'au bout, ou je laisse tomber à la deuxième page et je referme définitivement le livre. Mon ambition, quand j'écris, c'est de rendre immédiatement le lecteur accro à mon histoire. Je dois dire que ça marche assez souvent. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? A l'adolescence, les grands auteurs français et russes du dix-neuvième siècle, avec une mention spéciale pour Zola : j'ai lu tous les Rougon-Macquart 4 ou 5 fois et j'en connais encore des passages par coeur. Pour moi, c'est le grand bâtisseur du roman français, même si Balzac l'a précédé. J'ai aussi une petite faiblesse pour Dumas (d’où ma présence chez Bragelonne, peut-être) et Gaston Leroux. Plus tard, j'ai beaucoup lu les grands auteurs américains de terreur : Stephen King, Dan Simons, Masterton (qui est Anglais, lui) Peter Straub et bien sût Anne Rice, qui m'a donné envie d'écrire sur les vampires. Mais je me suis arrêtée à "la Reine des Damnés". Je trouve que le reste de son œuvre est beaucoup plus faible. Mon goût pour la littérature fantastique me vient aussi de Lovecraft, d'Edgar Poe, de "La Métamorphose" de Kafka et du "Horla" de Maupassant. Dans un tout autre genre, j'adore les biographies de Stefan Sweig. Celle de Balzac et de Marie Antoinette sont de purs chefs d'œuvres. Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? Mes personnages préférés ce sont les héros de ma trilogie en rose sur les vampires. Carmilla, la danseuse vampire de "Rouge Flamenco" ; Mâra la reine des vampires hindous. En sanskrit ce mot veut dire "le boucher ", "le tueur" et c'est le nom du Prince des Démons, l'adversaire de Bouddha dans la mythologie hindouiste. C'est cette découverte qui m'a amenée à écrire "La Déesse Ecarlate". Et j'ai un faiblesse marquée pour Donnadieu le personnage central du "Dernier Vampire", mon député à la Convention transformé en vampire dans une maison de jeux du palais Royal sous la Terreur. J'aime ces trois personnages car ils me ressemblent. Ce sont des rebelles. Ils ont un penchant marqué pour la transgression, comme moi. Tous mes livres tournent autour de ce thème. Sinon je m'attache aux personnages des romans que je suis en train d'écrire, puis je m'en détache. Je ferai une mention spéciale pour les chiens qui m'accompagnent dans mes livres et dans la vie. Je les adore. Mon chien est un magnifique schnauzer noir qui s'appelle Chandler (comme Raymond, évidemment). Avant j'ai eu un petit Nouk, un terrier du Tibet que j'ai perdu il y a six ans. De son vivant, il m'a inspiré un livre fantastique intitulé "Gengis Khan et le loup bleu". Il était mystérieux, ce chien, fantasque, très intuitif, malicieux et très indépendant. Quand il est reparti au paradis des chiens et des lamas rouges, j'ai fait une dépression. Chandler, mon schnauzer m'en a guéri. Lui, il est très intelligent, câlin, très proche de moi, très droit, très loyal. Il ne me quitte pas d'une semelle. Quand je m'absente quelques jours, il déprime. Quand je reviens, il me couvre de bisous baveux (j’adore !). Il est très beau, je l'appelle "Prince noir". Je cours beaucoup en forêt en au bord de la mer avec lui, il me protège, c'est un gardien. Lui aussi est présent dans un de mes livres d'enfants "Nuit d'Angoisse à l'île aux Oiseaux". Dans ce livre, que j'ai écris bien avant qu'il soit né, il s'appelle Crapulon car c'est une petite crapule qui fait plein de sottises. Donc je l'attendais depuis longtemps, ce chien. |
Comment vous sentez-vous à l’approche
de la sortie d’un de vos livres ? Très en forme. Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Chacun a le droit d'avoir son opinion. je comprends parfaitement que l'on puisse ne pas aimer mes livres. Moi aussi, il y a des auteurs que je n'apprécie pas. (Je ne dirais pas lesquels !) Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ? Aucun, je suis foncièrement une solitaire. Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Le premier non, c'était une autofiction sur l'anorexie. J'ai rencontré une éditrice chez Flammarion par l'intermédiaire d'un ami et le livre a été pris tout de suite. Le deuxième, le troisième et le quatrième, ça a été la galère ! Pas trouvé d'éditeur. Il faut dire que ces textes, synthèse bâtarde entre le roman noir et l'autofiction n'étaient pas bons. J'ai fini par les foutre à la poubelle. J'ai arrêté d'écrire pendant dix ans. Puis j'ai rencontré, mon compagnon, qui était éditeur et c'est lui qui m'a redonné le goût d'écrire. Il m'a mis entre les mains les ouvrages de la mythique collection Terreur de Pocket, aujourd'hui disparue et il m'a dit : "Tu devrais lire ça, ça va te plaire". Et il a ajouté : "Tu devrais écrire ça". Mais ça, je ne l'ai pas entendu. J'ai commencé à lire les auteurs cités plus haut comme une droguée. j'attendais les parutions, j'étais vraiment accro. Puis, au bout de deux ou trois ans de ce régime de lecture intensive, je suis tombée sur Anne Rice et j'ai écris "Rouge Flamenco. C'était il y a vingt ans et je n'ai plus cessé d'écrire et de publier depuis lors. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? A mon compagnon, Christian Garraud, à qui j'ai dédié plusieurs de mes livres, car il m'a inspiré certains de mes plus beaux sujets de romans. Quels sont vos projets ? Vampires, romans noirs, romans jeunesse, mais je ne sais pas dans quel ordre. Enfin si, je sais, ça c'est décidé il y a trois jours au cours d'un dîner au bord de l'eau avec mon mari (l’éditeur) qui m'a soufflé un truc génial à faire. Cet homme est un véritable accoucheur de talents, j'ai une chance inouïe de l'avoir rencontré. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Si vous aimez les road movies dans le temps et l'espace, lisez mes histoires de vampires qui jouent beaucoup sur la mémoire des Immortels pour faire voyager les lecteurs à travers les époques. Vous vous baladerez beaucoup et vous découvrirez d'autres cultures, car le mythe du vampire est transversal et se retrouve dans toutes les cultures. Si vous aimez le polar, j'en ai écrit trois dont je suis assez fière. |
Date de l'interview : Juillet 2013 © Des encres sur le papier