Parlez-nous un peu de vous Marie Caillet...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? Ma passion pour l'écriture découle du plaisir d'inventer des histoires. Avant d'apprendre à lire, j'avais déjà ce besoin-là : raconter des aventures pendant des heures, en parlant toute seule, à grands renforts de Playmobils, de Petits Poneys et de petites voitures (le tout mélangé parce que c'est plus drôle). La lecture a été le premier déclic. Il y a quelque chose de magique dans le fait de lire, cela demande un minimum de matériel, tout se passe dans la tête. Mais le "vrai" déclic, qui a changé du tout au tout mon rapport à l'écriture, ce fut la découverte du "Seigneur des Anneaux" au cinéma. Ce n'est pas très original, je sais, mais c'est vraiment ça qui m'a ouvert d'un coup les portes de la fantasy. Je me suis mise à en lire, énormément. Et fatalement, au bout d'un moment, j'ai eu l'envie de créer mes propres histoires, mes propres mondes. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? J.K. Rowling, Philippe Pullman, Jean-Claude Mourlevat, Margaret Weis et Tracy Hickman, Diana Wyne Jones, Evelyne Brisou-Pellen... Il y en a beaucoup, mais en fantasy et/ou jeunesse, je citerais ces "irréductibles"-là. Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? Ah ! La colle. Fondamentalement, je me sens proche de tous. Je me sens proche de Mydria, parce qu'elle est l'héroïne, qu'elle a son tout petit pouvoir pour seule arme, et que sa vulnérabilité me touche. Mais le côté secret, caché (pudique ?) d'Orest me parle aussi. Et j'ai parfois tendance à avoir le même humour (débile, on est d'accord) qu'Allian, ça crée des liens. Même le Sanreth (le "méchant" qui intervient dans le tome 2) me touche à sa manière. C'est ce qui se passe lorsqu'on vit plusieurs années de suite avec les mêmes personnages : on développe une empathie telle qu'on a l'impression qu'ils existent et ressentent. Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Pour être honnête, je vis la chose plutôt à froid. Une façon de prendre du recul, je suppose. Le grand pic de stress, c'est surtout avant et après la sortie. Avant, quand il faut rendre le texte, faire les dernières corrections (l'une des pires tortures du monde, après le fait de lire son texte à haute voix). Et après la sortie, lorsque les premières critiques arrivent. Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? La critique négative, ce n'est pas toujours facile à encaisser, surtout quand le livre est paru quelques jours/semaines plus tôt. Mais, lorsqu'elles sont faites avec bonne foi, je ne le vis pas mal. J'ai beau avoir travaillé jusqu'au bout de mes forces sur un livre, je sais qu'un texte est toujours perfectible, et je comprends qu'un lecteur puisse ne pas trouver son compte : ça m'arrive aussi, ça arrive à tout le monde, et si tout le monde aimait la même chose, ce serait ennuyeux comme un cours de rhétorique elfique. Et certaines critiques sont très utiles pour savoir quels détails corriger : quand le même point négatif se retrouve dans plusieurs avis, c'est qu'il y a quelque chose à travailler. |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
J'ai participé, en 2012, à une anthologie sur le thème du loup. Elle a pour titre "Coeurs de loups", parue aux éditions du Riez, et signée par de nombreux auteurs de fantasy (le lien pour en savoir plus est ici : http://www.editionsduriez.fr/products-page/recents/coeurs-de-loups/ ). J'ai beaucoup aimé participer à cet ouvrage collectif, on partait tous du même thème et les nouvelles étaient très différentes les unes des autres. Mais cela dit, je ne me vois pas vraiment "travailler" avec un autre auteur, hors du format de l'anthologie ou du recueil. C'est déjà difficile de négocier avec certains personnages peu manoeuvrables, alors si on est deux à le faire, on ne s'en sortira jamais. Je trouve qu'un roman est très complexe à façonner, et j'aurais du mal à déléguer à un ou plusieurs autres auteurs. Tant que je l'écris, c'est ma bulle. Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? En fait, le tome 1 de "L'Héritage des Darcer" n'a pas été mon premier manuscrit. J'en ai écrit plusieurs autres auparavant et j'ai fait "la tournée des grands ducs", comme on dit, auprès des éditeurs, mais sans succès, malgré des encouragements. Et ce n'est pas plus mal, car j'ai pu me dissocier de cette "obsession" de l'édition, qu'on a souvent quand on est un jeune auteur tout foufou et sans le moindre recul sur ses écrits (ce qui, du moins, était mon cas). Du coup, "L'Héritage des Darcer", j'avais décidé de l'écrire pour moi et mes proches, de le faire relier et voilà tout. A l'origine, il était destiné à l'usage exclusif de ma bibliothèque. Et c'était très bien comme ça : je me suis éclatée à l'écrire, sans questions sur "l'après", sans pression. Puis un beau jour, j'ai appris que les éditions Michel Lafon lançaient un concours pour trouver leur nouvel auteur français, en partenariat avec Barry Cunningham, l'éditeur de Harry Potter, et d'Anne Robillard, l'auteur des Chevaliers d'Emeraude... Coup de tonnerre dans le ciel bleu. J'ai longuement hésité à participer. Envie de tenter ma chance, mais peur du résultat, forcément. A ce moment-là, j'en étais à la moitié du roman, j'étais en Terminale, et je savais que l'année suivante, je ne pourrais plus écrire, puisque les études commençaient et que (folle que j'étais) je tentais la prépa. Du coup, l'annonce du concours est tombée à pic et m'a poussée à écrire de façon régulière, pour finir avant la rentrée. La suite tient du conte de fées : "L'Héritage des Darcer" a été retenu, j'ai rencontré mes éditrices, on a réfléchi sur le livre, les corrections sur le texte, les couvertures, la création d'un blog pour raconter mes aventures éditoriales... Mon état d'esprit tenait alors en quatre mots : super heureuse, méga terrifiée. J'en ai la tremblote rien que de l'évoquer. Je ne sais pas où est ma bonne étoile mais il faudra que je lui envoie des cookies. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? J'ai beaucoup de mal à faire lire un roman en cours d'écriture (je ne le fais pas, de fait), même si j'en parle à tort et à travers, jusqu'à épuiser mon entourage, j'en ai peur... Mais lorsqu'il est fini, oui, j'aime bien avoir leur avis. Même si les proches ne sont pas les plus à même de donner un avis objectif : soit parce que mes histoires ne sont pas ce qu'ils aiment lire, soit parce que l'affectif entre en jeu. C'est toujours plus difficile d'être honnête/objectif quand l'auteur est un proche. Quels sont vos projets ? "L'Héritage des Darcer" sort en poche en février : mon travail sur cette trilogie est donc bel et bien terminé. Depuis, j'ai commencé le premier tome d'une série nommée "Les Rumeurs d'Issar", également en fantasy, et je m'amuse follement à l'écrire : nouveau monde, nouvelles possibilités, nouveau système de magie... et il y a même un poney, alors je suis comblée. J'ai aussi d'autres projets, notamment un one-shot que j'ai hâte de commencer, mais le prochain sur la liste est le cycle sur lequel je travaillais au lycée, et que je voudrais absolument reprendre. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Si vous aimez les chasses au trésor et les énigmes, la magie incontrôlable, les anti-héros et les histoires d'amour mais-pas-trop-ni-tout-le-temps, si vous aimez la fantasy pour la découverte de nouveaux territoires et les grands chambardements... vous devriez trouver tout cela dans le royaume d'Edrilion. Et sinon, vous y trouverez toujours de chouettes pelles à tarte et des ânes. Tout le monde aime ça, les ânes. Vous pouvez aussi lire cette petite présentation de l'édition poche qui donne un aperçu de la problématique générale de la trilogie : Renversée depuis des siècles par une terrible dictature, la dynastie des Darcer n'a qu'une seule descendante : Mydria. Pour chasser l'usurpateur, cette jeune fille ne dispose que du Don d'ailes, un mystérieux pouvoir capable de la métamorphoser à volonté... |
Date de l'interview : Janvier 2014 © Des encres sur le papier