Parlez-nous un peu de vous Matthieu Biasotto...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? À bien y réfléchir, Je crois qu’elle vient de mon amour pour l’image. Ma carrière s’est construite autour de cette faculté à visualiser des univers. À imaginer des concepts en anticipant le souci du détail. La tablette graphique était mon médium de prédilection. Puis j’ai eu besoin de sortir de ce canal pour m’essayer avec plus ou moins de succès à la peinture, au dessin, à la photographie etc. Lorsque je suis tombé dans l’écriture, j’ai tout simplement eu la révélation : Un champ des possibles éternellement en fleur, avec un horizon infini. Une sensation grisante qui oscille entre l’abandon spontané de l’intuition et le contrôle total sur toute chose. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? Je n’ai pas de nom d’auteur à te donner. Sincèrement aucun. Je n’ai pas eu cette démarche. Je lis assez peu. Je vis encore ma lune de miel avec l’écriture. Je préfère créer et avancer sur mes projets. J’ai encore tellement de choses à expérimenter. Après, pour ne rien te cacher, l’inspiration vient de partout. Elle vient de la vie. De l’observation, du vécu. Une rencontre, une odeur, une ruelle pavée… Ça, c’est inspirant ! Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? Chaque personnage est une petite part de ma personnalité. J’aime la notion du antihéros. Donc je suis le manipulateur, la victime innocente, l’excentrique incohérent, le timide effacé et tant d’autres… Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Épuisé ! J’évite de penser à mes autres projets. J’ai une phase qui dure quelques semaines pendant laquelle je préfère ne pas écrire. Parce que je n’ai plus d’énergie créative. Je suis "sec". Ensuite je passe par toutes les couleurs. Je suis inquiet. Je doute. Puis je me rassure en me disant que j’ai tout donné. Mais ce n’est pas suffisant. La peur de décevoir. Est-ce que les gens vont adhérer ? Est-ce que j’ai été cohérent avec mon projet initial ? Ai-je apporté autre chose ? Est-ce que j’ai fait mieux que le précédent ? Les premières lectures représentent toujours une expérience que je redoute. Je me sens vulnérable. Et je place beaucoup d’espoir dans l’accueil réservé à mon livre. Puis le flot positif vient emporter mes angoisses. Par e-mail, par les volumes de ventes, par les rencontres. Je n’ai plus qu’une seule envie : recommencer. Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Il y a critiques et critiques. La critique qui me touche parce qu’au fond, il y a du vrai. C’est celle que je peux comprendre. Je pense alors qu’elle me blesse parce que je n’y ai pas pensé moi-même. Je l’entends. Je la digère. Et généralement elle fait partie de ma liste des priorités sur le projet suivant. Puis il y a le tacle assassin. La forme est brutale. Tu peux creuser, mais il n’y a rien à en tirer. Il n’y a pas de fond. Elle te fait mal, mais tu ne peux rien en faire. Elle laisse aussi une trace. Tu boites quelque temps, puis il faut l’oublier : elle n’est pas utile. Plus généralement, j’intègre que je ne peux pas plaire à tout le monde. Alors je compose avec les critiques, sans jamais vraiment réagir. Je ne veux pas entrer dans un débat stérile. Ce que je fais, après un coup dur, je m’imprime les avis positifs. Les envolées dynamiques. Ça compense. |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
Je n’y ai jamais vraiment pensé. Je pense que j’aimerai échanger avec une quantité astronomique d’auteurs de thrillers. Il va falloir que je te donne un nom… Maxime Chattam entre autres. Pour m’imprégner de conseils, d’outils et d’expériences. Découvrir des mécanismes. Une manière de travailler différente de ce que je fais. Pour gagner du temps. Pour y voir plus grand. Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Je suis indépendant dans l’âme. J’ai foncé tête baissée dans l’autoédition. Parce que j’étais le mieux placé pour réaliser mes couvertures et assez à l’aise pour la mise en page. Parce que j’y ai décelé une forme de liberté très séduisante. Il ne faut pas se mentir, les redevances du monde l’autoédition constituent un argument de choix. Mais attention ! Je ne suis pas un fanatique de l’autoédition. Il faut des éditeurs. Il faut de tout. La publication est assez simple, techniquement parlant. Je suis très à l’aise en informatique, donc il m’a fallu quelques jours pour finaliser mes éditions au format numérique et papier. La phase la plus difficile reste la relecture. Sur la cohérence mais surtout sur les coquilles, les petites fautes. C’est long, et toujours imparfait sans l’aide d’un relecteur / correcteur professionnel. Par acquit de conscience, j’ai envoyé mon premier roman à quelques grandes maisons. Comme un grand nombre d’auteurs, j’ai ma collection personnelle de lettres de refus dans une boîte en carton que mon ego refuse d’ouvrir. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? Oui. J’ai besoin de me rassurer. L’écriture c’est surtout un acte solitaire. Recevoir les premiers encouragements, c’est un carburant nécessaire. Même si ce n’est pas toujours honnête. Personne n’est impartial dans mon entourage. Ça me conforte. C’est juste pour me faire bichonner avant le grand bain. En phase d’écriture, je fais la lecture à ma femme presque tous les soirs. Elle découvre | supporte | endure, mon premier jet. Elle m’aide à sa manière. Sur la cohérence. Sur la tension. Sans chichi et sans prendre de gant. Ensuite j’ai des bêta lectrices qui me donnent la température. Qui relèvent les dernières coquilles. C’est l’antichambre de la véritable critique. Quels sont vos projets ? J’écris actuellement deux romans. Un projet à court terme qui devrait voir le jour avant l’été. L’autre en fin d’année. Toujours dans le suspense, dans le même univers. J’ai plusieurs autres romans prévus pour les années suivantes. Si l’inspiration est toujours au rendez-vous. Enfin, je mène également la promotion de "Kraft" jusqu’à la fin de l’été. Au programme : des séances de dédicaces, speed dating littéraire et des interviews. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Tu ne me facilites pas la tâche avec cette dernière question. < Message aux lecteurs > Tu aimes l’intrigue ? Celle qui se dévoile avec malice sous tes yeux ? Tu es accro au suspense ? Tu préfères la vitesse, et ce besoin compulsif de tourner les pages de chapitre en chapitre ? Tu veux savoir ? T’assurer que la fin est à la hauteur de tes espérances ? Si tu es sensible à ce style de livres… J’ai peut-être ma place dans ta bibliothèque. < /Message > |
Date de l'interview : Avril 2015 © Des encres sur le papier