Parlez-nous un peu de vous Mikkel Birkegaard...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? J’ai grandi entouré de livres. Ma mère a travaillé dans plusieurs bibliothèques et je l’accompagnais souvent car je pouvais ainsi emprunter des piles de livres, des bandes dessinées et des cassettes audio, sans avoir de délais pour les rendre. Je me sentais vraiment bien avec tous ces livres autour de moi et j’aime toujours être entouré de livres. J'ai commencé à écrire parce que je ne pouvais pas m’en empêcher, c’était plus fort que moi. Mon métier de développeur de systèmes informatiques ne me permettait pas d’être aussi créatif que je le voulais, bien que la programmation informatique permette d’une certaine manière d’écrire des histoires très simples. J’ai vite découvert que j’avais besoin de plus, de quelque chose de moins contraignant. Ainsi il y a environ dix ans j'ai commencé à écrire des nouvelles, surtout pour la lettre d'information interne dans la société informatique pour laquelle je travaillais à l'époque. Les histoires sont devenues de plus en plus longues, au point que j’ai fini par en faire un roman. Ce roman est devenu "La librairie des Ombres". Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? J'aime vraiment lire Arturo Peréz-Reverte, Stephen King, Paul Auster et Haruki Murakami. Je suppose que le facteur commun est qu'ils décrivent tous un monde apparemment reconnaissable, mais un monde où tout n'est pas vraiment ce qu’il semble être. Si vous allez derrière la façade, un nouveau monde apparaît, ou une vérité qui vous fait regarder des choses différemment. Pour moi c’est important : il y a de l’aventure ou une autre vision du monde que nous voyons. Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? En fait il y a une part de moi dans tous mes personnages. Ils sont un mélange de moi, de personnes que je connais ou ai vu/entendu et de mon imagination. Donc il est difficile de dire lequel me ressemble le plus. Frank de "Death Sentence" est un auteur, mais n'est pas du tout comme moi. Katherina de "La librairie des Ombres" est peut-être plus proche, mais c’est… une femme. Ce n’est pas facile… S'il y a un personnage que je VOUDRAIS être, ce serait Mortimer Welles du "Livre des rêves". Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Je sens un mélange entre le soulagement et la terreur. Je réécris beaucoup, donc quand le livre est sortit, je peux enfin me détendre – je ne peux plus rien y ajouter. Mais c’est aussi ce qu’il y a de pire. Quand je lis mes livres je trouve toujours des choses que je voudrais refaire différemment, mais c’est trop tard. Donc je lis rarement mes livres après leur publication. Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Ça peut me fatiguer un peu… Je respecte le fait que tout le monde n'aime pas mes livres, s'ils ont eu une mauvaise expérience, je ne peux rien faire contre ça. Mais si la critique est pleine d'erreurs, de bêtises, ça me fatigue et me déçois. Je mets des années à écrire un livre, donc le critique doit lui aussi prendre le temps de bien faire les choses. |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
Je n'ai encore jamais travaillé avec d'autres auteurs, mais j'aimerais travailler avec Stephen King. Il "fait bien son boulot" - un vrai professionnel. Je n'aime pas tous ses livres, mais ses personnages sont toujours super et il a quelques idées intéressantes. Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Il a fallu presque six ans entre le moment où j'ai écrit la première phrase et la publication du livre au Danemark. J'ai écrit le premier brouillon en six mois, mais après une pause de deux mois j'ai été tellement déçu par le résultat que j’ai tout réécrit. C'était un massacre : seulement dix pages environ ont été gardées pour le 2ème brouillon, et la réécriture a pris quasiment deux ans parce que j'avais un emploi à plein temps à l'époque. Après avoir fini le 2ème brouillon, je l'ai envoyé aux maisons d'édition danoises et ça a été une 2ème déception. Ils ont mis très longtemps à répondre, et lorsqu’ils l’ont enfin fait, c’était un "NON" direct, sans explications, pas un "Non, parce que…". C'était un parcours très frustrant. En attendant, j'ai continué à le réécrire et la 5ème maison d'édition avec laquelle je suis entré en contact, Aschehoug (maintenant L*R), a montré de l'intérêt et nous avons signé un contrat cinq ans après le début de l’écriture. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? Je travaille seul pendant une longue période, avant de montrer mon manuscrit. Quand j’en suis au 3ème ou 4ème brouillon, je le fais lire à 2 amis et j’effectue les changements en conséquence. Seulement après cela mon rédacteur obtient le manuscrit, et après beaucoup changements, le livre est prêt pour la publication. Je choisis mes "premiers lecteurs" avec soin, parce qu’en général, les gens très proches de vous ne vous disent pas l’entière vérité. Quels sont vos projets ? Je viens de publier une petite suite au Livre des rêves, intitulée "Kjærstads Alfabet". C’est un projet qui ne sortira qu’en numérique. Je travaille sur mon prochain livre (sans titre pour le moment) qui sera une histoire de fantôme, se déroulant dans le plus ancien asile de fou du Danemark. Un livre très différent des autres, à mon avis. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Si vous aimez les livres, vous allez adorer ces histoires. |
Date de l'interview : Juillet 2013 © Des encres sur le papier
Interview en Version Originale
Where do your passion of writing comes from?
I was brought up surrounded by books. My mother worked in several libraries, and I often went to work with her and enjoyed the privileges of borrowing stacks of books, comics and audiotapes without time limit. I felt really good having all these books around me and still love to be around books. When I started to write it was because I couldn’t help it. Working as a systems developer was not quite the creative endeavour I had expected – even though computer programming is kind of writing very simple stories. But I soon found out that I needed something more, something less constrained, so about ten years ago I started writing short stories, mostly for the internal newsletter in the IT company I was working for at the time. The stories became longer and longer, to the point when I had to try with a novel. That novel became The Library of Shadows. Which authors inspired you? I really like to read Arturo Peréz-Reverte, Stephen King, Paul Auster and Haruki Murakami. I guess the common factor is that they all write about a apparently recognizable world, but a world where everything is not really is as it seems. If you go behind the facade a new world will appear, or a thruth is discovered which makes you look at things differently. For me thats important - that there is more adventure or another truth in the world that meets the eye. Which character in your novels are you most like? In fact there is something of me in all the characters. They are a mix of myself, someone I know or have seen/heard and my imagination. So its difficult to say which one are most like me. Frank from ”Death Sentence” is a writer, but is not like me at all, Katherina from ”The library af shadows” is maybe closer, but is a female … its not easy. If there is a character I would LIKE to be, it would be Mortimer Welles from ”The book of dreams”. How do you feel before the release of your books? I feel a mix between relief and terror. I rewrite a lot, so when the book is finally released I can finally relax – there is nothing more I can do. But its also the worst. When I read my books I always find things I would have liked to have done differently, but its too late. So I rarely read my books after publication. How do you react when you read negative critics about your work? I can get a little tired... I respect that not everyone likes my books, if they had a bad experience, there is nothing I can do about it, but if the review is full of errors, I get tired and disappointed. I have spend years to write the book, so the reviewer should take the time to get the facts right. |
Which author do you like to work with?
I haven't worked with other writers yet, but I would love to work with Stephen King. He ”does the work” - a true professional. I don't like all his books, but his characters are always great, and he has some interesting ideas. Was it complicated to make publish your first manuscript? How did you process? It took almost six years from when I wrote the first sentence to the book’s publication in Denmark. I wrote the first draft in six months, but after a two-month break I was so disappointed with the result that I rewrote the whole thing. It was a massacre: only ten pages or so made it from draft one to draft two, and the rewrite took almost two years because I had a full-time job at the time. After the second draft was finished I sent it to the Danish publishing houses, and that was disappointment number two. They were really slow to reply, and when the rejection came it was a straight ‘No’ rather than a qualified ‘No, because ...’. It was a frustrating journey. In the meantime, I continued to rewrite it and the fifth publishing house I contacted, Aschehoug (now L&R), expressed interest, and we signed a contract five years after I had begun. Before publishing a book, do you ask to family members or friends to read it? I work alone for a long time before anyone sees the manuscript. Around draft number 3 or 4 I get 2 friends to read it, and make changes accordingly. Only after that my editor gets the manuscript, and after many more changes, its ready for publication. I choose my ”first readers” with care, because you won't always get the hard truth from people close to you. Which are your projects? I have just published a small follow up to ”From the book of dreams” called ”Kjærstads Alfabet”. Its an eBook-only project. I'm working on the next book (no title yet) which will be a ghost story(!) from Denmarks oldest insane assylum Sct. Hans. Very different from the other books, I think. For those who would not still know your universe, what would you say to incite them to discover your stories and characters? If you love books, you will love these stories. |