Parlez-nous un peu de vous Renaud Marhic...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? De la lecture, bien sûr… Et plus spécialement de mes lectures buissonnières. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? Puisque l’on en parle, il faut vous dire que, dans ma jeunesse, j’ai fait l’objet de mauvais traitements littéraires. Certains professeurs m’ont infligé des pensums tel "Quo Vadis ?", de Henryk Sienkiewitz, un écrivain polonais gai comme un encensoir. J’aime à rappeler l’incipit de cet inénarrable nanar publié en 1896 : "Pétrone se réveilla vers le milieu du jour et, comme à l’ordinaire, très las : la veille, chez Néron, il avait pris part à un festin…" (Bref, Pétrone à trop bu et il a mal au foie.) Et puis il y eut "Le Petit Chose", du bon Alphonse Daudet : "Je suis né le 13 mai 18…, dans une ville du Languedoc où l’on trouve, comme dans toutes les villes du Midi, beaucoup de soleil, pas mal de poussière, un couvent de carmélites et deux ou trois monuments romains." (On sent qu’on va rigoler, non ?) Vous me croirez ou pas, mais l’adolescent que j’étais avait du mal à rêver avec ça. A rêver ou à faire quoi que ce soit d’autre, d’ailleurs. La BD, alors, pour échappatoire : Franquin, Peyo, Fred… Jusqu’en 85. Là, à travers Philippe Djian et "37°2 le matin", tout s’est éclairé : j’ai compris que la littérature pouvait être habitée ! Il était temps, j’allais avoir 20 ans. Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? Il m’est difficile de répondre à votre question pour la bonne raison que je suis l’un des personnages de mes livres : "Le Petit Reporter de l’Imaginaire"… Je m’explique. J’ai longtemps travaillé dans le milieu des médias où, parce que je manquais cruellement de cynisme, on me faisait parfois grief de mon côté "Tintin petit reporter". La chose m’allant comme un gant, j’ai décidé d’incarner ce petit reporter qui, aujourd’hui tient chronique de son imaginaire. C’est notamment le cas avec ma série "7-77 ans" Les Lutins Urbains, que publient les Éditions P’tit Louis, et où j’interviens directement dans le récit à travers mes désormais célèbres Psiiiiit !. Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Nerveux. Après, je suis comme tout le monde : je leur recommande la prudence. S’ils se retrouvent dans un bac mal fréquenté, qu’ils n’aillent pas se battre pour une page froissée… Qu’ils se montrent respectueux des plaquettes comme des pavés… Oui je dis, toutes ces banalités. Parfois même j’ajoute : "Alors tu seras un livre, mon texte…" Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Toute critique de bonne foi est la bienvenue. Les critiques de mauvaise foi sont autre chose… Je suis surtout peiné pour leurs auteurs. Tenez, prenez Barbara la Frange qui a écrit un jour où elle avait vraiment mal mangé : "Des Lutins Urbains ? N’importe quoi ! Et pourquoi pas des lutins plombiers-zingeurs ?" Ça doit quand même être dure pour elle, aujourd’hui, ces toilettes perpétuellement bouchées… cette sonnerie de portable bloquée sur le générique de "l’île aux enfants"… et ce masque de gnou avec lequel elle se réveille désormais chaque matin sans avoir souvenir de l’avoir revêtu la veille… |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
Tex Avery. C’est râpé ! Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Je fais partie de ces heureux élus que l’on est venu chercher… En matière de romans, j’écrivais dans mon coin, sans rien demander. Et on a proposé de me publier. J’avais derrière moi, je l’ai dit, une carrière de reporter. J’avais aussi publié quelques essais remarqués. Ça n’a pas échappé au Éditions Terre de Brume qui m’ont commandé mon premier polar. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? En littérature, il n’y pas plus mauvais conseiller que l’entourage immédiat. Rappelez-vous ce que disait Adèle Foucher (à la ville madame Victor Hugo) alors que son mari terminait "Les Misérables" : "C’est pas encore avec ça qu’on partira en vacance à Guernesey…" Me concernant, mes Lutins ont la fâcheuse habitude de lire par-dessus mon épaule, d’exiger mille et une modifications… Heureusement, il y a Elsa et Étienne. Qui ne sont pas des lutins mais des enfants. Enfin, je crois… Quels sont vos projets ? Mon dix-neuvième livre, le tome 3 de la série Les Lutins Urbains, s’intitulera "Les Lutins noirs". Il sortira aux Éditions P’tit Louis en octobre 2015. Ça vous laisse le temps de vous mettre à l’abri… Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? N’essayez pas ! Abstenez-vous ! Passez votre chemin en sifflotant et faites comme si vous n’aviez rien lu… Vous avez la chance que rien ne vous y oblige, vous ! Parce que, je ne l’ai pas encore dit, mais moi, je n’ai pas choisi. Non, parole de Petit Reporter de l’Imaginaire ! La preuve ? Mais l’édition du 22 octobre 1928 de "L’Ouest-Éclair" (ancêtre du quotidien "Ouest France") bien sûr ! Bon, alors en haut de la page 6 à gauche, rubrique Brest : "Une légende bretonne : Les Strubinellous de Trémazan". Vous y êtes ? OK ! Si je vous dis que je suis originaire de Brest et que je m’appelle Marhic, vous comprenez que, dans ma famille, pour garder le dos droit, ça fait longtemps que l’on est tenu de rendre service à plus petit que soit ? Psiiiiit ! Et je le prouve ! Tiens, cher lecteur, qu’est-ce que tu fais là ? Alors comme ça tu fréquentes "Des encres sur le papier", toi aussi ? Pas le mauvais bougre, ce blogueur, pas vrai ? Et puis plutôt sympa le décor, non ? Bon. En attendant j’espère que cette interview ne te barbe pas trop… |
Date de l'interview : Février 2015 © Des encres sur le papier