Parlez-nous un peu de vous Roger Jon Ellory...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? J’ai toujours été créatif, dès mon plus jeune âge. J’ai toujours été intéressé par les arts, la photographie, la musique, les choses de ce genre… À l’âge de 22 ans, j’ai commencé à songer à l’écriture. Je me souviens d’une conversation avec un de mes amis au sujet d’un livre qu’il était en train de lire… Il était tellement enthousiaste ! Je me suis dit que ce serais génial de pouvoir provoquer ce genre de sentiment. Ce soir-là, en Novembre 1987, j’ai commencé à écrire mon premier roman, et les six années suivantes, j’ai écrit 23 nouvelles. Je ne pouvais plus m’arrêter d’écrire. En fait, j’ai mis 22 ans avant de découvrir ce que je voulais vraiment faire… Désormais, ça me semble tellement naturel que je ne peux pas m’imaginer faire autre chose. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? Par où commencer ? Ado, j’ai dévoré les œuvres de Christie, Conan Doyle, Michael Moorcock, Tolkien, et pas mal de romans de Stephen King. Plus tard, je me suis mis à lire McCarthy, Steinbeck, Hemingway, Carson McCullers, Annie Proulx, Capote, Harper Lee, Faulkner. J’essaye de lire des auteurs qui me mettent face aux maladresses de ma propre écriture. J’essaye de lire des auteurs que je trouve meilleurs que moi, ça me pousse à travailler plus et à donner le meilleur de moi-même. Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? C’est l’éternelle question : À quel point le travail d’un auteur est-il autobiographique ? Je pense que nous sommes imprégnés par tellement de choses dans la vie – certaines sont bonnes, d’autres mauvaises. On vit diverses situations, on s’en accommode, on se relève, on avance, on fait de notre mieux à chaque instant… Parfois on agit de la bonne manière, parfois on se trompe. C’est là vie, c’est l’existence… Comme dans tous les domaines artistiques – aussi bien peinture que sculpture, danse, composition musicale – un créateur doit mettre une partie de ses expériences personnelles et de ses ressentis dans tout ce qu’il ou elle créé. Je pense que les choses qu’on peint, qu’on écrit et qu’on chante sont juste des extensions de nous-mêmes. Et ces extensions grandissent en même tant que nos expériences personnelles. Je pense que très peu d’auteurs écrivent sur leur propre vie dans leurs romans, mais je pense qu’une grande partie écrivent en fonction de leurs expériences et s’inspirent de leur propre vie et de celle de leurs proches pour créer celle de leurs personnages. Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Et bien, quand un livre est enfin publié, je l’ai en réalité terminé depuis longtemps déjà. Et en général je suis déjà en train de terminer d’écrire le suivant, donc mon esprit est ailleurs. Mais il y a toujours un sentiment d’excitation quand un livre sort, et tu espères toujours que les gens vont aimer. Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Et bien, les critiques font partie du jeu, mais je ne pense pas que ça influence ce que je fais ou ma manière d’écrire. C’est quelque chose qu’on doit accepter, car on ne peut pas y échapper. Il ne faut pas chercher à plaire à tout prix, car si on perd notre temps à s’inquiéter sans arrêt et à se demander ce que les gens pensent, on ne fait rien par peur d’être critiqué. On apprend à accepter la critique, on essaye de ne pas trop s’inquiéter, mais parfois on lit des critiques tellement violentes qu’on se demande quel résultat cherche à obtenir le critique en écrivant de telles choses. Mais dans la plupart des cas, les gens ont été très gentils et ont complimenté mon travail, et les journaux, les magazines et les autres auteurs ont toujours été particulièrement sympas. |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
Pour être honnête, je ne pense pas que je pourrais collaborer pour un livre. J’aime travailler seul et créer quelque chose qui vient entièrement de mon esprit, pas de celui d’un autre ! Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Un jour, Paul Auster a dit que devenir écrivain n’étais pas un "choix de carrière", comme choisir de devenir médecin ou policier. On ne choisit pas, on est choisi, et une fois qu’on a accepté le fait que rien n’est acquis, on doit se préparer à une longue route semée d’embûches, jusqu’à la fin de sa vie. Je suis d’accord avec cette idée. Très vite j’ai su que ce n’était pas un métier, mais une vocation. Je devais le faire. Ce n’était pas un choix. J’ai écrit pendant des années sans avoir d’éditeur, et je me disais que c’était un signe, que je n’avais pas encore trouvé le bon éditeur ou la bonne maison d’éditions. Je me suis dit que c’était juste une question de persévérance… Je me souviens d’une citation de Disraeli qui dit "Le secret du succès est la poursuite inlassable d'un seul but", et je pense que c’est vrai. Ça m’a poussé à travailler plus dur, à m’y consacrer plus, à persister, et tout allait finir par marcher. Aujourd’hui, j’ai toujours des objectifs inaccessibles, je veux toujours que ce soit plus grand, mieux, publier plus de romans et avoir plus de lecteurs ! Je pense que ça reflète ma nature et ma personnalité, et je ne pense pas que ça changera un jour. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? Non, jamais. Quand un livre est terminé, il part directement chez l’éditeur. Quels sont vos projets ? J’ai terminé récemment un nouveau roman qui va sortir en mai 2014. Il s’intitule "Carnival of Shadows" (Le carnaval des Ombres). Je viens juste de finir aussi d’enregistrer un album avec mon groupe, Zero Navigator. Dans quelques mois, je vais commencer un nouveau roman prévu pour 2015. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Et bien, je suis fasciné par les gens. Peu m’importe qui ils sont, ce qu’ils font, le plus important, c’est l’humain. Je suis toujours impressionné par l’aspect indomptable de l’esprit humain, par tout ce que l’humain est capable de surmonter, et sa capacité à survivre à tout ça. Pour moi, le plus important dans un thriller ou un polar n’est pas le crime en lui-même, ni même l’investigation, mais la manière dont les faits peuvent être utilisés pour mettre en lumière la façon parfois surprenante dont les gens s’en sortent. S’il y a un point commun entre tous mes livres, même si les histoires sont toutes très différentes, c’est qu’ils mettent en scène un personnage ordinaire dans une situation extraordinaire. C’est le dénominateur commun. C’est ça qui me fascine. J’imagine que je suis un grand romantique, car j’essaie vraiment de capter la nature profonde des gens et des choses, leurs émotions. J’essaye toujours de rendre ce personnage le plus humain possible, de faire en sorte que le lecteur ressente les mêmes choses que le héros et de lui donner l’impression qu’il est capable d’accomplir les mêmes actes que ce personnage, peu importe la difficulté. C’est, selon moi, la clé pour écrire un bon roman. |
Date de l'interview : Janvier 2014 © Des encres sur le papier
Interview en Version Originale
Where do your passion of writing comes from?
I was always creatively minded, right from an early age. My primary interests were in the field of art, photography, music, such things as this. Not until I was twenty-two did I consider the possibility of writing. I remember having a conversation with a friend of mine about a book he was reading, and he was so enthusiastic! I thought ‘It would be great to create that kind of an effect’. That evening – back in November of 1987 – I started writing my first book, and over the next six years I wrote a total of 23 novels. Once I started I couldn’t stop, and now I think it just took me those first twenty-two years of my life to really discover what I wanted to do. Now it seems like such a natural part of me and I couldn’t imagine doing anything else. Which authors inspired you? Where do I start? I read voraciously as a teenager – Christie, Conan Doyle, Michael Moorcock, Tolkien, a good number of books by Stephen King. Later I started reading McCarthy, Steinbeck, Hemingway, Carson McCullers, Annie Proulx, Capote, Harper Lee, Faulkner. I try and read authors who make me feel ashamed about the clumsiness of my prose. I try to read authors who challenge me as a writer and make me want to work harder and get better all the time. Which character in your novels are you most like? There is that perennial question: How much of an author’s work is autobiographical? I think we absorb so much from life – some of it good, some of it bad. We take in events and circumstances, we deal with them (or not), we recover, we carry on, we try our best with everything we do. Sometimes we get it right, other times we get it wrong. That is life, and that is living. As with any field of the arts – whether it be painting, sculpture, choreography, musical composition – the creator must draw on personal experience and personal perception in everything he or she creates. I think that what we paint and what we write and what we sing are merely extensions of ourselves, and that extension grows from personal experience. I think there are very few writers who write their own lives into novels, but I think there are a great deal who write their perceptions and conclusions and feelings about their own lives and the lives of others into the characters they create. How do you feel before the release of your books? Well, when a book is finally published it has already been completed for along time, and I am usually close to the end of writing another book so my mind is already elsewhere. There is always a sense of excitement when a book is released, and you always hope that people will enjoy it. How do you react when you read negative critics about your work? Well, criticism is par for the course, but I don’t think it has influenced what I do or how I write. It’s something that you have to accept will always be there. The bottom line is that you are not going to please everyone, and if you spend all your time worrying about what people think then you’ll never do anything for fear of criticism. You learn to accept it, to try not to be bothered too much by it, but sometimes the things you read are so hostile that you wonder what purpose the person is trying to accomplish by saying such things. However, more often than not, people have been very kind and very complimentary about the work, and the newspaper and magazine critics and reviewers have been especially good. |
Which author do you like to work with?
In truth, I do not think I could collaborate on a book. I like to work alone, and create something that is wholly from my own mind, not someone else’s! Was it complicated to make publish your first manuscript? How did you process? Paul Auster once said that becoming a writer was not a ‘career decision’ like becoming a doctor or a policeman. You didn’t choose it so much as get chosen, and once you accepted the fact that you were not fit for anything else, you had to be prepared to walk a long, hard road for the rest of your days, and I concur with his attitude. I think I knew from a relatively early age that this wasn’t a job, but a vocation. It was something I had to do. There was no choice in it. I wrote for many years without finding a publisher, and I think I just believed that I hadn’t found the right editor or the right publishing company. I believed it was simply a matter of persisting. I remember a quote from Disraeli where he said ‘Success is entirely dependent upon constancy of purpose’, and I believed that this was the right attitude to have. That it was just simply a matter of working harder, of putting more into it, of persisting, and it would all come out right in the end. Though even now, I still have utterly unattainable standards, and I always want it to be bigger and better and to have more books published and have more people reading them! I think that this attitude is a reflection of my nature and personality, and I don’t think drive and intention will ever change. Before publishing a book, do you ask to family members or friends to read it? No, I don’t. When a book is complete it goes to my editor. Which are your projects? I have recently completed a new book that will be released in May this year. It is called ‘carnival of Shadows’. I have also just finished recording an album with my band, Zero Navigator. I will be starting a new book for 2015 in a month or so. For those who would not still know your universe, what would you say to incite them to discover your stories and characters? Well, the thing that fascinates me is people. Doesn’t matter who they are or what they do, the important thing is people. The thing that never ceases to amaze me is the indomitability of the human spirit, the things that people are capable of overcoming, and the fact that they can then survive beyond that. For me, writing ‘crime thrillers’ or ‘mysteries’ is not so much about the crime itself, even the investigation, but the way in which such events can be used to highlight and illuminate the way that people deal with things that are not usual. If there is one common thread throughout my books, though they are all very different stories, it is that we are always dealing with an ordinary person thrown into an extraordinary situation. That’s the common theme. That’s the thing that fascinates me. I suppose I am a romantic at heart, and I try very hard to be in touch with the emotional nature of people and things, and what I am always striving to do is have a reader feel what the characters are feeling, to get an idea that they have spent some time with real people, and to bring about the sense that they were aware of what was going on with that character on many levels. That, for me, seems key to making a book memorable. |