Parlez-nous un peu de vous Samantha Bailly...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? Écrire, c’est raconter des histoires. Ce besoin de fiction remonte à mes premières années. C’était le plaisir du jeu, le moment où, en tant qu'enfant, je pouvais prendre le contrôle des événements, tordre la réalité. En grandissant, on sent les regards se poser sur soi et on s’en préoccupe soudain. J’ai alors cessé de raconter les histoires à voix haute, pour les faire vivre par écrit, en silence. Ensuite, j’ai eu l’intuition de plus en plus intense que c’était ce que je devais faire. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? Philip Pullman, Haruki Murakami, Robin Hobb, Marguerite Duras, Emile Zola… C’est très varié. Aussi, mon imaginaire a été influencé par les jeux vidéo, notamment les RPG japonais. J’ai été très inspirée visuellement par Final Fantasy VI, IX et X, des sagas comme Chrono Trigger, Chrono Cross ou encore Secret of Mana. Ensuite, je dirais qu’il y a les inspirations plus mentales, à travers des cours, des séminaires ou mes propres recherches. Je m’intéresse particulièrement à la sociologie, la psychologie, les neurosciences, le théâtre, etc. Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? Il y en a beaucoup, mais je vais essayer d’être succinte ! Dans "Oraisons", je dirais le tandem Alexian et Lorion. Ils expriment le rapport à l’empathie, ce sont des électrons libre. Dans "Ce qui nous lie", Alice, pour sa quête de lumière. Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Cela dépend du livre, à vrai dire. Le métier d’auteur implique une temporalité assez étrange : au moment où le roman sort enfin en librairie, il est en général achevé depuis un an minimum, parfois bien plus. Mais quand la couverture circule, que les premiers retours arrivent… Ça y est, je réalise. Je suis en général excitée et anxieuse. Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? À vrai dire, j’ai une réponse en vidéo : http://www.youtube.com/watch?v=XeKJgjGM9gk |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
Je ne suis pas certaine que je suis prête à travailler en duo avec un auteur, cela reste à voir, pourquoi pas ? Si je devais penser à quelqu’un, ce serait Manon Fargetton, auteur chez Rageot, qui est aussi une amie. En revanche, je suis bien décidée à me lancer du côté du scénario de manga et de bande dessinée. Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Il s’agissait donc d’un diptyque de Fantasy paru en 2009, "Au-delà de l’oraison", rebaptisé "Oraisons" pour sa réédition en intégrale en 2013 chez Bragelonne. J’ai écrit les premiers chapitres en novembre 2005, pendant mon année de terminale. J’ai dû finir fin 2006 ou début 2007, et le livre n’est sorti qu’en 2009. J’ai trouvé envoyé mon manuscrit à 6 éditeurs, reçu deux refus, deux acceptation, et deux silences. J’ai finalement fait mon choix. Ce qu’il faut savoir, c’est que le délai entre la signature du contrat et la sortie en librairie avoisine les 12 mois. Le projet en lui-même n’a pas été long à mettre en place : ce sont la réécriture et le travail éditorial qui prennent du temps. Le tome 1 a donc été accepté par Mille Saisons, maison spécialisée en fantasy, alors que je rédigeais le tome 2, mais mon éditeur tenait à ce que je finisse ce deuxième volet avant de publier le premier, afin de pouvoir corriger le tout comme un ensemble. Il faut être prudent avec les récits divisés en plusieurs parties, car des incohérences peuvent toujours survenir, même si l’auteur a réfléchi à son intrigue très en amont. Le premier roman est sorti en 2009, et le deuxième un an plus tard, en 2010. Dans la petite sphère de l’imaginaire et de la micro-édition, il a eu un certain succès critique : j’ai obtenu le Prix Imaginales des Lycéens. Puis les dirigeants de la maison ont cependant décidé de se consacrer à d’autres projets. J’ai alors récupéré mes droits et Bragelonne a proposé de me les racheter. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? Oui, une fois que j’ai terminé le premier jet, que c'est le moment de laisser reposer quelques temps, afin de prendre du recul. J'envoie alors le roman à ma horde de bêta-lecteurs aux dents acérées. Je reçois ensuite leurs premiers retours. J'attends encore un peu, je réfléchis, je tourne cela dans tous les sens. Après avoir mis suffisamment de distance entre le texte et moi, je le reprends donc... Quels sont vos projets ? J’ai deux projets très différents à venir en 2014. Il y a d’abord "Les Stagiaires", à paraître chez Milady le 21 mars, avec une couverture signée Boulet. Le titre est déjà très évocateur ! C’est un roman contemporain qui se déroule dans une entreprise, Pyxis, qui est spécialisée dans l'édition de mangas et de jeux vidéo. Rapidement devenue un pilier du secteur, cette société dynamique incarne le rêve de nombreux jeunes passionnés par l’industrie créative. On vante son état d'esprit novateur, son cadre de travail agréable, et ses best-sellers sont une vitrine attrayante. Comme beaucoup d'entreprises, Pyxis a à son actif de très nombreux stagiaires. Tous les six mois, ces derniers arrivent d'horizons variés, soumis à un recrutement drastique. Dans une atmosphère conviviale et jeune, ils découvrent la réalité du monde du travail. Étudiants en gestion, graphisme, communication, marketing, RH, édition… tous aspirent à la même chose : obtenir un emploi à l'issue de cette période. Dans un cadre où tout est fait pour l'amusement, travail et la vie privée s'entremêlent. Et une question demeure en fond sonore : qui restera ? "Souvenirs Perdus" est une trilogie de Fantasy jeunesse, dont le premier tome sortira chez Syros en mai 2014. Dans ce monde inventé, il existe une île nommée Enfenia. Depuis des siècles, nul ne peut y entrer, nul ne peut en sortir. Un Léviathan tourne autour, il est autant le gardien des habitants que leur geôlier. La légende veut qu’un jour, lorsque les Enfenians seront prêts, la créature se retirera et les laissera découvrir le monde. Alors que l’île célèbre une fois de plus le rituel visant à accomplir la prophétie, une femme est retrouvée inconsciente sur la plage. Une femme au visage inconnu, une étrangère. Cet événement bouleverse la vie des Enfenians, ébranle leurs plus profondes convictions… Elle est la preuve qu’il existe bien une autre civilisation à l’Extérieur, la preuve que l’on peut tromper la vigilance du Léviathan. La suite au mois de mai. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? Tout dépend des goûts ! En fantasy, il y a "Oraisons, L’intégrale", chez Bragelonne. Côté thriller jeunesse, "À pile ou face", chez Rageot. Et si vous aimez plutôt la tranche de vie, "Ce qui nous lie", chez Milady. |
Date de l'interview : Janvier 2014 © Des encres sur le papier