Parlez-nous un peu de vous Samuel Leveque...
D’où vous est venue cette passion
pour l’écriture ? J'ai toujours aimé raconter des histoires, et écouter ce qu'il y avait dans la tête des autres. Depuis tout petit je suis fasciné par cette idée que le cerveau peut produire et transmettre n'importe quoi, même l'inconcevable. Et comme je suis toujours en train d'imaginer n'importe quoi, j'ai écrit et dessiné ce que j'avais dans la tête dès que je pouvais. Quand j'étais petit, mon père était dans une troupe de théâtre. Les textes me fascinaient. On pouvait écrire n'importe quoi, les gens le jouaient et ça devenait une histoire, même s'il n'y avait pas de costumes, que les accessoires étaient minimalistes, et tout et tout. Notre capacité de création et d’interprétation vis à vis du récit est incroyable. Je serais très triste si je ne pouvais pas faire marcher cette fonction de mon cerveau. Quels sont les auteurs qui vous ont inspiré(e) ? J'ai beau être jovial et primesautier, j'ai longtemps été piloté par des textes assez torturés et pessimistes : Stephen King, Poe, Ryu Murakami, Maupassant, ainsi que terry Pratchett, dans un genre beaucoup plus léger. Plus récemment, ce sont des plumes comme Jasper Fforde ou China Miéville qui auront eu pas mal d'influence. Mais je dois aussi signaler, parce que ça a une influence vraiment déterminante sur ce que j'écris, que j'ai une grosse culture gamer. Je joue des jeux vidéo, spécialement des jeux de rôle, depuis plus de vingt-cinq ans. Je crois sincèrement que certaines des plus belles histoires jamais écrites l'ont été sous la forme vidéoludique. Alors il me semble impossible de ne pas citer des auteurs comme Yoshitaka Murayama, Junko Kawano (Suikoden), Drew Karpyshyn (Mass Effect) ou Kazutaka Kodaka (Danganronpa). Parmi tous vos romans, de quels personnages êtes-vous le plus proche ? Pourquoi ? J'ai écrit un tas de romans, mais je n'en ai vraiment publié qu'un seul, "Eldorado↓" . C'est un roman vraiment très sombre ou beaucoup de personnages sont des silhouettes plus ou moins vouées à une mort proche. Mais je me sens assez proche du héros, Nick, qui au cours du roman se retrouve placé dans une situation compliquée, à devoir choisir entre ce qu'il juge juste et ce qu'il juge bon pour lui. Quelque soit le choix retenu, les conséquences sont terribles J'ai tout au long du livre essayé de me mettre à sa place, tout en ne sachant pas vraiment ce que j'aurais fait. C'est une des choses dont je suis d'ailleurs intimement convaincu : il est impossible de dire, sur le ton de la fanfaronnade, ce qu'on ferait en temps de crise extrême, de guerre, etc. il n'y a hélas que quand ça arrive, que quand on est au pied du mur, qu'on peut se révéler être du côté des héros, des salauds, ou nulle part. Comment vous sentez-vous à l’approche de la sortie d’un de vos livres ? Impatient et heureux ! Mais ce n'est jamais aussi intense que le moment ou on commence à avoir des retours ! Comment réagissez-vous face aux critiques négatives ? Si c'est juste de l'insulte ou juste pour être blessant, honnêtement, je m'en fous. Sur un de mes livres (Toto 30 ans), j'ai eu des commentaires de rageux qui n'avaient même pas lu le texte. Si on commence à s'inquiéter de ce genre de trucs, on devient dingue. Il y a tout un tas de gens pour qui c'est devenu un réflexe, voire une occupation à plein temps de déverser leurs névroses et leurs obsessions sur n'importe quel contenu qui n'est pas calqué à 100 % sur leur vision du monde. C'est même leur faire une sacrée politesse que de les appeler « trolls ». Au final, c'est juste des gens malheureux. Mais à part ça, il m'est aussi arrivé de recevoir des critiques assez touffues et pertinentes de mes textes. Parfois des papiers hyper négatifs, voire hostiles. Eh bien, curieusement, j'aime assez. On apprend sans doute plus de choses d'un critique qui n'a pas compris ou pas aimé un texte que des gens qui ne trouvent rien à y redire. On m'a parfois fait des critiques à la fois très dures et très justes sur ce que j'écris. Du coup, j'ai tendance à lire plus attentivement les critiques négatives. Ceci dit, un coup de cirage de pompes ne fait jamais de mal, je suis preneur aussi, hein. Et dans tous les cas, dans la mesure de ce qu'il est envisageable de faire, je me mets toujours à disposition des lecteurs des critiques pour répondre à leurs questions. |
Avec quel(s) auteur(s) aimeriez-vous travailler ?
C'est une colle totale. Je suis vraiment, vraiment mal organisé et bordélique dans mon processus d'écriture. Je ne suis pas sûr que je veuille imposer ça à qui que ce soit, et surtout pas à des auteurs que j'admire. Mais comme il ne faut pas insulter l'avenir, on verra bien ! Cela a-t-il été compliqué de faire publier votre premier manuscrit et comment cela s’est-il passé ? Eh bien en fait, oui, j'ai eu une petite « mésaventure » avec ce qui aurait du être mon premier roman, qui devait être publié en 2006... Chez un éditeur qui a coulé avant que le livre ne sorte. Mais c'est surtout bien triste pour eux, beaucoup plus que pour moi. Et ensuite, étrangement... Non je n'ai jamais eu de difficulté. J'ai eu des refus, bien sûr, mais à chaque fois que j'ai vraiment mené un projet à son terme, il aura trouvé preneur. Pour "Toto 30 ans", qui était initialement un texte paru sur Internet, c'est carrément l'éditeur qui est venu me chercher. Chouette coup de bol ! Quand à "Eldorado↓" , le livre a assez rapidement trouvé éditeur chez L'Ivre-Book. Avant de publier un livre, le faites-vous lire à des personnes de votre entourage ? Au moins à ma femme et à un de mes meilleurs amis. Les deux sont toujours riches en critiques constructives et en avis pertinents, et ils ont des approches très différentes de la littérature. Quels sont vos projets ? Cette année a été marquée par un long voyage à l'étranger et par un changement de travail juste après ! Alors déjà il a fallu encaisser et digérer tout ça. J'ai récemment recommencé à travailler sur trois projets : la suite "d'Eldorado↓", un roman teinté de réalisme magique nommé "Les Fréquences Effrayantes", ainsi qu'un dépoussiérage d'un de mes premiers longs textes que j'ai pondu vers 14-15 ans. Se replonger là-dedans quinze ans après, c'est une sacré rigolade. Je suis aussi compagnon de route des éditions Lilo, consacrées aux nouvelles, ou je vais publier courant octobre un nouveau texte dans un recueil. J'ai également deux manuscrits terminés, "La Farce" (une histoire de super-héros à l'heure de la surveillance globalisée) et "Le Système" (une novella d'Urban Fanatsy) qui cherchent une maison :) Et sinon, je vais continuer à faire des choses en lien avec mes autres passions : le montage vidéo, les podcast audio, et les bêtises sur Internet. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore votre univers, que leur diriez-vous afin de les inciter à le découvrir ? http://zalifalcam.com, même si c'est actuellement en travail ça centralise beaucoup de choses sur moi. Sinon, l'habituelle ribambelle de rézossossio : https://twitter.com/Zali_Falcam (ou je raconte de bêtises) https://www.facebook.com/maximilien.bidule (même chose sauf que là je filtre un peu à l'entrée) https://www.youtube.com/user/Zalikun/ (ou on peut entres autres voire des vidéos ou je m'adonne à des jeux vidéo bizarres). |
Date de l'interview : Août 2015 © Des encres sur le papier